
Il est virtuellement impossible d'aborder l'histoire de la Grèce antique sans mentionner les Minoens. Les Minoens n'étaient pas Grecs, et ils ne semblent pas avoir été étroitement apparentés à ces derniers. Ce qui semble clair, cependant, c'est qu'ils ont contribué au développement de la civilisation de la Grèce antique, qu'Homère et d'autres poètes grecs ont immortalisée.
Les Minoens ont laissé un legs visuel stupéfiant (peintures, palais sophistiqués et œuvres d'art variées) et de nombreux documents écrits. Malheureusement, contrairement aux écrits des Égyptiens, des Hittites et des Babyloniens, qui nous renseignent notamment sur l'organisation sociale, les croyances religieuses et les évènements historiques, les écrits minoens qui ont été découverts jusqu'ici ne sont que des inventaires, détaillés et abondants, bien sûr, mais pas aussi révélateurs que ce qu'on aurait pu espérer. De plus, les personnes qui les étudient n'ont pu déchiffrer qu'une petite partie de la langue écrite des Minoens, ce qui complique les choses.
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La fresque du jeu du taureau, XVe siècle
av. J.-C., Cnossos, Crète Copyright: Thomas Sakoulas, Ancient-Greece.org Used by permission of Ancient-Greece.org © 2001-2006 |
Ce qui est certain, c'est que les Minoens étaient des artistes talentueux, et l'esthétique semble avoir profondément influencé le sujet de leurs œuvres d'art. Selon certains, ils aimaient peut-être l'art pour l'art, ce qui représenterait une façon tout à fait différente de créer et d'utiliser l'art par rapport aux pratiques traditionnelles des autres sociétés de l'époque. Pour vérifier cette hypothèse, il faudrait faire des recherches plus approfondies.
Les données qui existent semblent indiquer que les Minoens sont arrivés à la grande île de Crète il y a plus de 5000 ans. Il y trouvent un sol fertile et un climat favorable. La population augmentant au point où les ressources de la terre ne peuvent plus répondre à ses besoins, beaucoup de personnes migrent vers des îles avoisinantes. Celles qui restent mettent de plus en plus l'accent sur le commerce pour améliorer leur situation économique.
La société Minoenne s'est enrichie grâce à un commerce florissant et de grande ampleur, et les fouilles archéologiques indiquent que cette richesse était partagée par tous les membres de la communauté. Les nombreux documents écrits qui existent et ont été déchiffrés montrent que la circulation des marchandises dans les entrepôts de l'État était strictement gérée. Le niveau de vie était haut. Dans les palais, il y avait une plomberie sophistiquée, de merveilleuses fresques, des reliefs en plâtre et des cours découvertes.
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« Déesse aux serpents », figurine
minoenne en faïence, vers 1600 av. J.-C., Cnossos,
Crète Copyright: Thomas Sakoulas, Ancient-Greece.org Used by permission of Ancient-Greece.org © 2001-2006 |
Les Minoens avaient du temps libre et en consacraient une bonne partie aux sports, à la religion et aux arts. On ne peut que faire des suppositions sur leurs croyances religieuses, mais les vestiges des œuvres d'art indiquent un polythéisme comportant plusieurs déesses, y compris une déesse mère. La prêtrise était réservée aux femmes, mais le roi avait peut-être des fonctions religieuses aussi. En fait, le rôle des femmes — en tant que chefs religieuses, entrepreneuses, marchandes, artisanes et athlètes — était de loin plus important dans la société minoenne que dans d'autres sociétés, y compris celle de la Grèce.
Le système de gouvernement était une monarchie appuyée par une bureaucratie bien organisée.
Selon un mythe, un roi appelé Minos, dont le palais comportait mille pièces, a autrefois gouverné la Crète. En 1900, l'archéologue britannique Arthur Evans découvre un tel palais, le fouille et le restaure en partie. C'est lui qui introduit l'expression « civilisation minoenne » en l'honneur du roi légendaire.
Vers 1450 av. J.-C., la civilisation minoenne, qui semble avoir été pacifique et prospère, disparaît abruptement et probablement violemment. On a trouvé des indices d'un incendie ravageur, et on suppose depuis longtemps qu'il y a eu à Théra une explosion volcanique (peut-être suivie d'un tsunami) si dévastatrice que la première grande civilisation du monde égéen n'a pu y résister.