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IntroductionS'amuser en familleLiensCrédits
Alexandre le Grand

Né à Macédoine en 356 av. J.-C., Alexandre le Grand est le fils de Philippe II et d’une de ses femmes, Olympias. Par la diplomatie et des succès militaires, son père a transformé un royaume qui était sur le point de se désintégrer en une monarchie puissante et centralisée. Il a converti une milice indisciplinée en une machine militaire bien exercée, introduisant des innovations technologiques et une nouvelle tactique qui ont rendu les Macédoniens supérieurs à tous leurs ennemis. En dressant astucieusement les poleis (cités) les unes contre les autres et en employant habilement la négociation, les pots de vin et la force, Philippe a aligné les principales cités grecques, à l’exception de Sparte, au sein de la Ligue de Corinthe dans le but d’envahir la Perse, sous prétexte de représailles à l’invasion de la Grèce en 480 av. J.-C.

Le genre de succès que Philippe connaît comme militaire et diplomate est cependant absent de sa vie conjugale. Ses relations avec Olympias traversent une mauvaise passe. Contrairement à l’élite de la Grèce, celle de la Macédoine pratique la polygamie. En plus d’Olympias, princesse épirote, Philippe a épousé, pour des raisons diplomatiques, des femmes thessaliennes, scythes, illyriennes et thraces, toutes issues de familles dirigeantes. Il décide maintenant d’épouser la fille d’un noble macédonien, Cléopâtre, qui tombe enceinte peu après. Olympias et Alexandre craignent tous les deux qu’un garçon ayant deux parents macédoniens ne soit plus attirant qu’Alexandre comme héritier du trône. Heureusement, Cléopâtre donne naissance à une fille (Europe), mais la possibilité d’un fils est mal accueillie.

Le fait que Philippe ait épousé une femme beaucoup plus jeune et, qui plus est, une Macédonienne, semble porter le coup de grâce à sa relation avec Olympias, qui se désintégrait déjà. Cette dernière s’exile, gardant Alexandre quelque temps auprès d’elle, et prépare sa vengeance. Philippe est assassiné. Olympias et Alexandre y sont-ils pour quelque chose? Sur ce point, il n’y a pas de consensus parmi les historiens. Après quelques conflits, Alexandre accède au trône en tant que roi de Macédoine. Il a vingt ans. Les ennemis de Philippe se réjouissent, gloussant du fait qu’ils n’ont maintenant affaire qu’à un garçon.

Alexandre n’est pas néophyte, ni comme dirigeant, ni comme commandant, et il a l’avantage d’avoir sous ses ordres des généraux chevronnés et fidèles. Ces derniers font partie du legs de Philippe, ainsi qu’une Macédoine unie et puissante. Sans cela — et là-dessus les historiens sont d’accord — Alexandre n’aurait pas pu accomplir tout ce qu’il a fait. Il ne pouvait pas être mieux préparé pour la tâche, vu son jeune âge. Philippe lui a offert la meilleure instruction possible, engageant plusieurs tuteurs, dont Aristote, pour s’assurer que son fils serait exposé au genre d’études et de culture que lui-même manquait. Aristote a mis Alexandre en garde, lui disant qu’avant de pouvoir gouverner, il devait vivre l’assujettissement. C’est une leçon que le jeune prince a pris à cœur.

Alexandre en est venu à aimer les arts et apprécie énormément la poésie homérique. Il a toujours avec lui un exemplaire des poèmes épiques d’Homère et rêve d’imiter les exploits de ses héros, Achille et Héraclès, et de vivre comme ces derniers. (Il prétendra descendre de ces deux héros grecs — d’Héraclès du côté paternel et d’Achille du côté maternel.)

Philippe s’est aussi assuré qu’Alexandre saurait manier les armes comme nul autre. Son fils se distingue en effet comme militaire. À l’âge de 18 ans, à Chéronée, il a mené la charge décisive de la cavalerie des Compagnons qui a renversé le cours de la bataille et donné l’avantage à Philippe. Comme son père, Alexandre est courageux, manipulateur et charismatique. Comme lui, il combat aux côtés de ses troupes, frôlant la mort plus d’une fois, et porte les blessures qui en témoignent. Les deux hommes peuvent compter sur une armée qui fait preuve d’une immense loyauté. Ils savent tous les deux se présenter comme libérateurs, et passent maîtres dans l’art de convertir les vaincus en alliés et en partisans. Mais Alexandre a également hérité des traits de sa mère, et en apprend d’autres, et certaines personnes blâment cette dernière pour l’impétuosité d’Alexandre, et le tempérament explosif et impulsif qu’il affiche parfois.

Quand Alexandre prend les rênes du pouvoir, il ne perd pas de temps à consolider sa position. Une occasion se présente presque aussitôt. Thèbes décide de contester son autorité au sein de la Ligue de Corinthe et cherche des alliés. Avant qu’elle ne puisse en trouver, Alexandre la prend d’assaut, tue 6000 de ses citoyens et la met à sac, n’épargnant que les temples et la maison du poète Pindare et de ses descendants. Puis, il demande aux habitants des régions voisines qu’elle punition conviendrait aux Thébains qui ont survécu. Avec leur accord, 30 000 survivants sont rassemblés et réduits en esclavage. Cet incident — l’équivalent peut-être de la notion ultérieure de tuer un amiral pour encourager les autres — a pour effet d’étouffer immédiatement tout signe de révolte. Cléopâtre, tous les mâles dans sa famille, sa petite fille et un prétendant potentiel au trône de Macédoine sont éliminés d e façon tout aussi brutale.

Six mois après avoir remplacé Philippe, Alexandre en épouse la cause et dirige ses troupes vers l’Empire perse. Sachant bien dramatiser les choses, il traîne la prêtresse de Delphes dans le temple et la contraint à émettre une prophétie sur sa vaillance. En entendant les mots « Mon fils, vous êtes invincible », il met le cap sur l’Asie. Alexandre suit le chemin pris par Xerxès en 480 av. J.-C., mais il commence par la fin. Au site légendaire de Troie, il offre un sacrifice et met l’armure de bronze d’Achille qui y a été dédiée. La première bataille contre les Perses a lieu sur les rives du Granique, et Alexandre écrase ses adversaires. Ces derniers sont appuyés par des mercenaires grecs qui se rendent en vain. Ils sont soit massacrés, soit envoyés en Macédoine comme esclaves, rappelant à tous qu’Alexandre ne veut aucun obstacle dans sa marche à travers l’Asie.

Les Perses perdent contrôle de toutes les colonies grecques en Asie Mineure. Ce n’est pas difficile de persuader les villes de se ranger du côté d’Alexandre, nombre d’entre elles ayant été fondées par des Grecs. Se rappelant les leçons d’Aristote, Alexandre traite ses nouveaux sujets aimablement, annonçant à tous qu’il cherche à les libérer, plutôt qu’à les conquérir. On s’attend à ce qu’il augmente le tribut ou les impôts, mais il ne le fait pas. Dans les villes perses, il nomme des satrapes (gouverneurs provinciaux), mais il les met en garde, précisant qu’ils ont deux options : la fidélité absolue ou la mort. À Gordion, capitale ancienne de Phrygie, il y a dans un temple une charrette attachée à un poteau au moyen d’un nœud extrêmement compliqué. Selon la légende, celui qui dénouera ce lien gouvernera l’Asie. Alexandre le tranche d’un coup d’épée et pénètre avec confiance encore plus loin en Asie.

À l’entrée des cols qui mènent en Syrie, Darios III, grand roi de Perse, installe une armée nombreuse derrière Alexandre, persuadé qu’il a piégé le Macédonien. Alexandre s’en réjouit, car il sait que, vu l’étroitesse du terrain, les Perses ne pourront pas y engager toutes leurs troupes. Après des combats acharnés — la bataille d’Issos — au cours desquels les deux côtés ont tour à tour l’avantage, Alexandre remporte une victoire décisive. Darios s’enfuit, laissant à Damas sa mère, sa femme, sa fille, des dames d’honneur et de vastes quantités d’or. Atteint à la cuisse, Alexandre se retire dans la tente opulente de Darios, maintenant abandonnée, pour célébrer et laisser sa blessure guérir.

Au lieu de continuer vers l’est pour pénétrer au cœur de la Perse, Alexandre décide de consolider les territoires qu’il vient d’acquérir. L’ancienne ville de Tyr tombe après un siège prolongé et brutal. Des milliers de personnes sont tuées, et des sources romaines laissent entendre que des centaines sont crucifiées. Après cela, les habitants de Sidon accueillent Alexandre à bras ouverts. Ce dernier se dirige ensuite vers l’Égypte, où on lui fait l’accueil auquel il s’attend. En proclamant Alexandre pharaon et le traitant comme divin, les Égyptiens évitent toute hostilité. La ville côtière qu’Alexandre fonde en Égypte, appelée Alexandrie, deviendra une des plus grandes villes de la Méditerranée. Elle est dotée d’universités, de bibliothèques, de gymnases, du premier musée — le meilleur que la Grèce a à offrir au monde en matière d’art et de culture.

Darios III, craignant maintenant Alexandre, sollicite la paix, offrant de partager son royaume avec le Macédonien. Ce dernier ne veut rien savoir, et les deux armées se rencontrent de nouveau, dans la plaine de Gaugamèles, en Assyrie. Encore une fois, les forces de Darios sont beaucoup plus nombreuses que celles d’Alexandre (cinq fois plus, selon certaines sources), mais le résultat est le même qu’au Granique et à Issos — une victoire décisive pour Alexandre et son armée. Darios s’enfuit, poursuivi par les Macédoniens. Puis, Bessos, officier de cavalerie de Darios et satrape de Bactriane, assassine le grand roi de Perse et se déclare souverain. Alexandre le rattrape, lui coupe le nez et les oreilles, et le livre à ses ennemis, qui l’achèvent. En se présentant comme le vengeur de la trahison de Darios, Alexandre s’attire le soutien de nombreux Perses. Il commence à porter des vêtements de style perse et encourage ses soldats à prendre des femmes perses pour épouses. Lui-même se marie avec Roxane, fille d’un noble bactrien. (Plus tard, il épousera deux princesses perses, dont la fille de Darios.)

Après cette bataille importante, Alexandre et son armée se reposent et se divertissent à Babylone, Suse et Persépolis, amassant du butin (des millions, voire des milliards, de dollars en monnaie actuelle). À Persépolis, pour relever un défi que lui adresse une courtisane athénienne, Alexandre incendie le magnifique palais de Xerxès, sous prétexte de venger le sac d’Athènes 150 ans auparavant. Mais le pillage n’étanche pas sa soif de gloire. Alexandre veut l’Inde.

Peu de temps après, il trouve un prétexte pour le faire. Deux rois indiens se font la guerre, et Alexandre s’allie à Taxilès contre Poros. Bien que ce soit la première fois qu’il rencontre des éléphants sur le champ de bataille, sur les rives du Hydaspes son armée remporte une victoire écrasante. Poros est blessé, mais sa bravoure impressionne tellement Alexandre que ce dernier lui rend tous ses territoires et lui en donne d’autres. Puis, il poursuit son chemin, cherchant à atteindre l’océan oriental, qu’on croyait à l’époque être la limite de la Terre. Mais la mousson arrive, et après 70 jours de pluie ininterrompue, ses hommes en ont assez. Ils refusent de continuer. Alexandre boude dans sa tente pendant deux ou trois jours, puis il accepte l’inévitable. Ils rebroussent chemin.

Certains Macédoniens, excédés par l’errance et les rigueurs de la vie militaire, commencent à comploter contre Alexandre. La réponse de celui-ci, démesurée selon certains, ne se fait pas attendre. Il suffit de peu de preuves pour faire assassiner des alliés de longue date. Alexandre boit excessivement et, un jour, pendant une dispute, ivre et fou de rage, il transperce d’un coup de lance un officier de cavalerie qui lui a sauvé la vie une fois. Quand un de ses meilleurs compagnons (Héphestion) succombe à la fièvre, la tristesse d’Alexandre est sans bornes. Il dédie un immense monument à son ami et consulte l’oracle à Sioua pour voir s’il est possible d’établir un culte religieux à sa mémoire. La réponse étant affirmative, Alexandre célèbre en prenant un énorme bol de vin non dilué. Certains affirment qu’il est mort presque immédiatement. D’autres disent qu’il a traîné plusieurs jours, incapable de parler, avant de succomber lui aussi à la fièvre (peut-être la malaria) et possiblement à l’intoxication alcoolique. Quoi qu’il en soit, selon la tradition, quand il est sur son lit de mort, on lui demande à qui il lègue son royaume. Il dit « Au plus fort » et s’éteint. Il a 33 ans.

Les conquêtes d’Alexandre ont créé un immense empire, et son impact sur la scène mondiale fait encore l’objet de discussions parmi les historiens. Sur le plan politique, c’était la fin de l’empire d’Alexandre, et culturellement, les réalisations de ce dernier ont introduit l’époque hellénistique. Les historiens qui critiquent Alexandre le voient comme étant myope et prétendent qu’il ne cherchait qu’à se couvrir de gloire pour ses exploits militaires, tout en déplorant le fait qu’il n’y avait pas d’autres mondes à conquérir. Selon l’empereur romain Auguste, Alexandre aurait dû tirer plus de satisfaction de son rôle de dirigeant que de celui de conquérant. Les admirateurs de ce dernier affirment qu’il a préparé le terrain pour la définition d’un nouvel ordre politique. D’autres devaient maintenant mener à bien ce qu’il a entrepris.