Le principe de la reconnaissance

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Un groupe de travailleurs qui a toujours occupé une bonne place dans l'histoire des timbres, au Canada comme à l'étranger, sont les postiers eux-mêmes. Dès 1953, en effet, l'émission d'un timbre-poste vient rappeler la valeur des courriers du 18e siècle québécois (#413). La poste est également l'objet d'une série de six timbres, en 1974, illustrant diverses étapes des opérations postales contemporaines (#634-639). Dans ce cas-ci, peut-être, le principe général de l'inclusion pave la voie à celui, plus évident, de la reconnaissance. À certains égards, le choix de ces illustrations a probablement un lien indirect avec les difficiles relations de travail qui ont marqué le service des postes dans les années 1970, alors que la question des changements technologiques et des droits des travailleurs a donné lieu à des confrontations épiques. Malgré tout, les timbres en question laissent voir un employé des postes, qui ne semble pas vraiment touché par ces problèmes. Le souvenir de ces événements reste cependant présent, grâce à l'un des deux seuls timbres jamais émis par le Syndicat des postiers du Canada, en 1975. Durant le conflit de travail qui eut lieu cette année-là, les employés des postes décidèrent d'assurer un service postal minimum pour lequel ils produisirent leurs propres timbres portant la mention « Messagerie auto-gérée ».

Canada Scott 636
Timbre reproduit avec la permission
de la Société canadienne des postes
 
Timbre : Canada Scott 636
Timbre « Messagerie auto-gérée », 1975
Timbre émis par le Syndicat des postiers du Canada
 

Un autre groupe de travailleurs fut honoré par quatre timbres émis en 1991. Ceux-ci, qui sont un hommage aux « métiers dangereux » (#1330-1333), mettaient en vedette les patrouilleurs-secouristes, les policiers, les pompiers et les spécialistes en recherches et en sauvetage. Il s'agit, encore là, d'une reconnaissance limitée de la présence de la classe ouvrière. Pour les spécialistes de la santé et de la sécurité au travail, il y a certainement matière à réflexion : seraient-ils les seuls des métiers dangereux, ou même, les plus dangereux?

Canada Scott 1332
Timbre reproduit avec la permission
de la Société canadienne des postes
 
Timbre : Canada Scott 1332

Une série de timbres de 1992 porte sur des héros populaires qui sont passés à la légende. Cette série, où l'on trouve Laura Secord - on pourrait cependant douter de la pertinence de sa présence ici -, comprend en outre Jos Montferrand, un travailleur forestier de la vallée de l'Outaouais, William Jackman, un marin terre-neuvien, et Jerry Potts, un guide des Prairies (#1432-1435). Même si tous ces personnages ont bien existé, comme en fait foi le Dictionnaire biographique canadien, l'autorité postale les considère comme des héros folkloriques canadiens. C'est le même ordre d'idées qui a régi une série de 1993 (#1491-1494), en mettant dans la catégorie « chansons folkloriques » les hommes de métier qui chantaient Les Rafsmen, en sautillant d'un billot flottant à l'autre, et les pêcheurs qui fredonnaient I's the B'y. Si les hockeyeurs peuvent être considérés comme des « travailleurs », c'est dans une série de 1992 commémorant le 75e anniversaire de la Ligue nationale de hockey qu'on les présente. D'ailleurs, on connaît très bien le caractère conflictuel qui, depuis les années 1950, anime les relations entre les joueurs et les propriétaires d'équipes de cette ligue.

Timbre : Canada Scott 1435 Canada Scott 1435
Timbre reproduit avec la permission
de la Société canadienne des postes
 

On peut également se poser des questions à propos de travailleurs qui ont marqué l'histoire, tels Alexander Mackenzie, un apprenti maçon (#319), ou David Thompson, un employé de la Compagnie de la Baie d'Hudson, qui ont joué un rôle important dans le développement du pays. On peut en faire autant à propos de gens qui se sont gagné une réputation internationale dans leur domaine, tels Ned Hanlan, champion rameur (#862) et Emma Lajeunesse, Albani, soprano célèbre (#860).

Et que dire des personnes associées à la défense de causes populaires ou à des mouvements de gauche dans l'histoire du Canada! On reconnaît bien des personnalités comme Louis-Joseph Papineau (#539), Louis Riel (#515), Josiah Henson (#997) et Gabriel Dumont (#1049) - mais pas William Lyon Mackenzie. On reconnaît bien aussi Norman Bethune (#1254, 1255)22 et Agnes Macphail (#1293) - mais non J. S. Woodsworth.
 

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