
Les ouvriers ne sont pas entièrement exclus des représentations des diverses périodes de l'histoire du Canada, mais rarement en sont-ils le sujet. Sur un timbre de 1934, par exemple, on se rend compte que l'explorateur Jacques Cartier était accompagné d'autres marins, car l'image souligne à la fois la hiérarchie et l'effort collectif de l'équipage (#208). Les membres de la fatidique expédition de Henry Hudson, en 1610, apparaissent sur un timbre de 1986 (#1107) à l'atmosphère plutôt morose, qui ne donne aucune indication sur le fait que le mécontentement des marins aurait été à l'origine de ce que certains considèrent comme la première révolte ouvrière dans l'histoire du Canada.
Canada Scott 208
Timbre reproduit avec la permission
de la Société canadienne des postes
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Un timbre-poste de 1988 (#1216), illustrant les débuts de l'activité industrielle en Nouvelle-France, met en vedette les fondeurs et apprentis des forges du Saint-Maurice. À l'opposé, l'homme d'affaires John Molson occupe l'avant-scène d'un timbre de 1986 (#1117), où la présence des travailleurs est clairement subordonnée à l'image de l'entrepreneur. Un timbre de 1975 (#667), émis en hommage à la ville de Calgary, souligne l'essor de l'industrie de l'élevage en montrant des cow-boys à l'œuvre. De nombreux timbres rendent compte de l'histoire de l'immigration, par exemple, l'arrivée du Hector (#619), des loyalistes (#209), des mennonites (#643) et des Ukrainiens (#1326) et, détail intéressant, ce sont toujours des familles qui y figurent.
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Canada Scott 1216
Timbre reproduit avec la permission
de la Société canadienne des postes
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Le thème des transports occupe une place importante dans la vision de l'histoire canadienne véhiculée par les timbres-poste. Et encore une fois, même si la présence des travailleurs est indispensable pour illustrer ces activités, rarement ceux-ci sont-ils le centre d'intérêt principal du timbre. Bien sûr, on n'a pas manqué d'illustrer les « voyageurs » qui manœuvraient les grands canots à l'époque florissante du commerce des fourrures, d'abord par la reproduction d'un tableau de Frances Ann Hopkins (#1227), émis en hommage à l'artiste, puis, par le rappel de la légende de la chasse-galerie (#1334), un thème résurgent du folklore canadien-français. La construction des canaux au 19e siècle est à peine perceptible sur un timbre de 1974 qui rend hommage à William Merritt (#655); bien que les terrassiers eux-mêmes soient absents de cette image, on peut reconnaître, à l'arrière-plan, des ouvriers occupés à diverses tâches sur le canal. À ces constructeurs de canaux succédèrent les ouvriers affectés à la construction des chemins de fer, et qu'ils soient absents des timbres-poste canadiens reste sans doute la plus surprenante omission de l'histoire de l'autorité postale21. Encore une fois, seul un examen attentif nous permet de conclure à la présence de cette catégorie d'ouvriers sur une photo prise lors de l'érection du pont Victoria, premier lien ferroviaire franchissant le Saint-Laurent à
Montréal ; c'est cependant le talent du photographe, William Notman, que ce timbre veut rappeler (#1237). Les ouvriers qui construisirent les routes modernes du 20e siècle sont plus explicitement représentés sur un timbre de 1992, commémorant l'achèvement de la route de l'Alaska (#1413). Un timbre de 1955, destiné à illustrer l'évolution des moyens de transport dans le Grand Nord au milieu du siècle, en montrant un avion volant au-dessus d'un Inuit au repos dans son kayak (#351), nous laisse une impression pour le moins équivoque.
Canada Scott 1237
Timbre reproduit avec la permission
de la Société canadienne des postes
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