Houria
Houria, 2000
Huile, acrylique et feuille d'or sur toile de coton
Prêt de l'artiste
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)

Note : Houria est un nom que l'on donnait fréquemment aux filles
en Algérie durant les années 50. Pour l'artiste, Houria symbolise
les filles d'Algérie



«Ocre rouge, terre brûlée, odeur de ma terre,
Je suis prisonnière.
Ma main, mes yeux, mon cœur te cherchent.
Je te retrouverai.
L'enfant qui est né a crié serait-ce un cri de liberté?
Pardonne-moi ma mère je t'ai quittée mais mon cœur est là tout près de toi.
Je te serre très fort dans mes bras.


À ma mère»


«Je ne pense pas qu'un autre pays puisse m'apporter l'apaisement, tant que le problème qu'il y a dans mon propre pays existe. Mais je pense surtout à la stabilité de mes enfants. [...]

Pour moi, la chose la plus belle, c'est l'espoir, c'est la lumière.»


Extraits d'un texte de l'artiste et d'une entrevue




Hadjira Preure a vu le jour en Algérie en 1954, année où l'insurrection algérienne marque le début de la guerre d'indépendance. Sur les traces de son père, elle entame des études de droit, mais se réoriente rapidement vers les arts plastiques. Elle obtient un certificat d'enseignement artistique (1981), puis un diplôme national (1982) de l'École supérieure des beaux-arts d'Alger. Boursière d'État avec son mari, l'artiste Ali Kichou, elle quitte l'Algérie pour l'Italie où elle passe la première année à Pérouse et les 13 années suivantes à Rome.

Hadjira Preure avec sa fille Tinhinane Yasmina Kichou
Hadjira Preure avec sa fille Tinhinane Yasmina Kichou, Montréal, Québec, 2000
Rawi Hage
Épreuves argentiques
Collection du Musée canadien des civilisations


Diplômée en peinture de l'Académie des beaux-arts de Rome (1987), elle devient l'assistante du sculpteur et peintre Tito. Entre-temps, la situation en Algérie et la venue d'enfants poussent le couple à trouver un pays où la famille ne se sentirait pas étrangère, bénéficierait de droits sociaux et où il n'y aurait ni guerre ni violence. Le Canada finit par les accepter et elle arrive à Montréal avec son mari et ses enfants en 1995. Les déplacements, les multiples déménagements et l'espace restreint l'incitent à travailler sur de petits formats : Mais j'espère toujours donner une profondeur au tableau, l'impression de quelque chose de grand, même si c'est tout petit. [...]. Le travail de petits formats me permet de dominer davantage l'espace.

Houria (détail)
Houria (détail), 2000
Huile, acrylique et feuille d'or sur toile de coton
Prêt de l'artiste
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)

D'abord intéressée par la figuration réaliste, cette artiste peint des animaux (dans un style réaliste), des paysages (en s'inspirant de Monet, Degas), ainsi que des portraits (à la manière de Daumier), puis découvre l'art primitif avec les fresques rupestres du Tassili. Elle adopte alors un expressionisme des couleurs et devient membre du groupe traitiste (Movimento Trattista) qui valorise le trait libre et le signe. Par l'usage de techniques anciennes – travail de la cire, gravure, sculpture et détrempe à l'œuf –, elle tente de rendre le mouvement et l'émotion. Pour elle, la chose la plus belle, c'est l'espoir, la lumière. Et c'est pour mettre cette dernière en valeur qu'elle joue de l'obscurité dans ses toiles.

Hadjira Preure a participé à une quarantaine d'expositions au Canada, en Europe et en Algérie, et ses œuvres figurent dans les collections de nombreux musées européens, notamment italiens.