Mon histoire avec le Québec est une histoire
d'amour.
Mon mari était venu à Montréal
suivre une formation. Il a suffi de deux mois pour que je m'éprenne
éperdument de cette terre d'accueil. À la fin de
mon séjour, je me suis dit : « Ah Seigneur !
Que j'aime ce pays ! J'aimerais un jour y vivre et y élever
mes enfants. »
Le Cameroun, c'est le lieu où s'enfoncent
profondément mes racines. Mon cordon ombilical y est enterré.
Je ne peux même pas dire que je l'ai quitté, car
même si des fleuves et des océans nous séparent,
une partie de moi y demeure.
Propos recueillis lors d'une entrevue.
Martine Onana Otou est née à Yaoundé, au
Cameroun. Elle a toujours nourri une passion pour le droit, mais
son père a voulu qu'elle étudie en techniques administratives.
Une fois son brevet de technicien supérieur en poche,
elle a dit à son père : « Monsieur,
voilà ton diplôme; maintenant je vais chercher le
mien. » Quelques années plus tard,
elle obtient son Diplôme d'études approfondies en
droit à l'Université de Yaoundé.
En 1986, elle rejoint au Sénégal son mari qui
est affecté au bureau régional de l'Organisation
de l'aviation civile internationale (O.A.C.I.) à Dakar.
Nommée deuxième secrétaire
à l'ambassade du Cameroun au Sénégal, elle
est chargée du dossier des étudiants et stagiaires
camerounais. En 1993, son mari est muté au siège
de l'O.A.C.I. à
Montréal.
Une fois installée à Montréal avec sa famille,
Martine décide de se consacrer à l'éducation
de ses enfants. « Je n'ai aucun regret car
j'estime avoir choisi "la meilleure part". Pour rien
au monde, en effet, je n'aurais voulu manquer les plus belles
années d'une mère : celles où l'on
éveille ses enfants à l'Amour ; celles où on
reçoit leurs premières confidences ; celles
où on leur inculque les principes de base de la vie. » L'ouverture
aux autres est une valeur que Martine s'efforce de transmettre à ses
enfants. « Je voulais faire de ces trésors
que le Seigneur m'a confiés de bonnes personnes avant
tout. Je leur dis toujours que la meilleure façon de participer à l'instauration
de sociétés justes et pacifiques, c'est de s'impliquer.
Ils sont Québécois et Canadiens, mais ils sont
aussi Camerounais. J'essaie de leur léguer en héritage
le meilleur des deux mondes ! » À une
vie familiale bien remplie s'ajoute la rédaction d'une
thèse de doctorat en droit sur le pluralisme juridique
en Afrique, qu'elle compte soutenir en 2006. Très active
dans le milieu communautaire, Martine nourrit depuis longtemps
un rêve : celui de contribuer à créer
un espace « qui serait à la fois une école,
une église et un musée; en un mot, une maison ouverte
aux jeunes originaires des cinq continents, désireux d'apprendre à Vivre
Ensemble. »
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