C'est une affaire d'impunité, d'injustice, qui m'a fait
quitter mon pays.
J'ai regardé par la fenêtre et vu les premiers flocons de neige
tomber. Je suis sortie avec mon parapluie pour me protéger. J'ai
marché sous mon parapluie, mais je voyais que personne d'autre n'en
avait. J'ai écrit à des amis : « Ça tombe
sur nous comme de la farine, mais ça ne reste pas. »
Propos recueillis lors d'une entrevue.
Christine Paré est née en Côte d'Ivoire. Après le
décès de son père, alors qu'elle a trois ans, la famille
déménage au Burkina Faso. Elle poursuit des études en
informatique au Bénin, puis s'établit à Ouagadougou, au
Burkina. L'assassinat de son meilleur ami la pousse à immigrer au
Québec. « Ce fut un déchirement. C'est une partie
de moi que j'ai laissée au Burkina. Ce sont mes proches, ma famille, mes
amis, mes souvenirs. »
En août 2000, Christine arrive à Rouyn, en Abitibi. Elle
s'inscrit en gestion de projets à l'UQAT mais, se sentant très
isolée, décide d'aller poursuivre ses études à
Montréal, dans la même discipline. Après l'obtention de sa
maîtrise, elle va s'installer à Calgary pour perfectionner son
anglais. Pour payer ses cours, elle déniche un emploi de coordonnatrice
des ressources à la mairie de Calgary. Elle y restera 10 mois.
Aujourd'hui, tout en travaillant pour le Collectif des femmes immigrantes
à Montréal, elle envisage de suivre une formation en
administration des services communautaires à l'Université
Concordia. « J'ai eu la chance de pouvoir changer de
carrière. Même à 65 ans, on peut toujours changer. »
Pour Christine, militer dans des associations des
droits de la personne comme le Comité Canada Norbert Zongo, journaliste
mort pour la justice et la liberté, demeure très important.
« Informer les Canadiens sur ce qui se passe réellement au
Burkina Faso. Quel que soit le pays, quand il y a une affaire d'injustice, je
suis prête à m'engager et à militer aussi avec les
Canadiens. » Engagement, études, travail, sans oublier
le rêve. Celui de repartir, un jour, travailler en Afrique.
« Ce continent nous a donné naissance et il a besoin de
nous », dit-elle.
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