Mémoire des rites

Les populations d'Afrique centrale


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Statuette funéraire ntandi (fumani). Kongo. Région du Bas-Zaïre. Stéatite.
© Africa-Museum, Tervuren

  Les populations kongo

Les Kongo et les populations apparentées Yombe, Woyo, Vili, Soongo, Sundi occupent la région du Bas-Zaïre entre la côte atlantique et le Pool Malébo. Ce territoire, aujourd'hui réparti entre l'Angola (enclave de Cabinda), la République du Congo et le Zaïre, correspond à l'ancien royaume historique de Kongo.

La fondation de l'ancien royaume de Kongo, avec Mbanza Kongo comme capitale, remonte probablement au XlVe siècle. En 1482-1483, lorsque les Portugais atteignent l'embouchure du Zaïre, le royaume est déjà une entité économique et politique prospère. Le souverain siège à la tête d'une administration complexe. Quelques districts sont sous son commandement direct ou sous celui de parents proches. Des provinces restent sous l'autorité de l'aristocratie la plus ancienne. Avec le temps se fondent de petits royaumes indépendants. Des sources du XVIe siècle ne mentionnent pas seulement le royaume de Kongo, mais aussi ceux de Loango, Ngoyo et Vungu.

Les intrigues politiques, les querelles de succession, les invasions et le commerce d'esclaves mettent fin à l'hégémonie territoriale des rois kongo et, vers 1710, le royaume se désintègre en petites chefferies. Enfin, à partir des XVlIIe et XIXe siècles, se produit un bouleversement politique : l'idée même d'un royaume correspond désormais à un mythe qui, à défaut de représenter encore une réalité politique vivante, justifie l'ancienne unité culturelle.

À partir du XVe siècle, à la suite de la présence européenne dans la région, la cour se convertit, et le catholicisme s'établit comme religion d'État. Les éléments occidentaux s'intègrent sélectivement dans les traditions locales sans entraîner la disparition des rites traditionnels et des institutions religieuses. Durant la période coloniale, sous l'action conjuguée des missionnaires et du pouvoir, I'utilisation des statuettes et objets magiques minkisi passe à la clandestinité, mais ne disparaît pas. Les Kongo, discrètement, continuent à y chercher refuge. Ce sont plutôt les rituels spectaculaires et les manifestations dramatiques qui appartiennent au passé.

Le réalisme du style kongo le distingue parmi d'autres productions artistiques africaines. Le rendu du visage, fidèle à la nature, est remarquable. Quelques statues témoignent de l'intégration d'éléments occidentaux ou reproduisent l'un ou l'autre objet importé. Cette influence européenne est surtout apparente dans la région à partir de 1860.


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