Entrez Chris Bennedsen – L’album d'une vie en toutes lettres Chronologie


« Bonjour tout le monde » : l’écriture d’une vie


Au cours des 51 années qu’il a passé au Canada, Christian Bennedsen envoya ou reçut plus de 700 articles de correspondance. Et il conserva tout ! Il garda bien plus que cela. Il écrivait régulièrement à sa mère, à son père, à son frère, à sa sœur et à d’autres parents et amis qui vivaient dans son village natal de Spandet, au Danemark. Comme pour beaucoup d’immigrants venus au Canada, d’autres coins de la planète, la correspondance le liait au monde qu’il avait quitté. Elle l’aidait à supporter l’anxiété, les déceptions, les frustrations, la nostalgie et à apprécier son bonheur. C’était également une façon de partager tout cela avec ses correspondants. Par ses lettres, il pouvait comparer deux mondes : l’ancien et le nouveau, et rassurer toutes ces gens qu’il allait bien, même quand la réalité lui était pénible.
J’ai vraiment du mal à entretenir ma correspondance maintenant, mais j’arrive à le faire quand même. J’ai reçu 11 lettres la semaine passée et je crois que c’est la première fois, depuis mon arrivée, que j’en reçois autant en une semaine. Je viens de compter toutes mes lettres, j’en ai reçu 119, et elles sont toutes en lieu sûr, dans mon tiroir, mais j’ai encore de l’avance dans mon écriture. Cette lettre est la 123e que j’ai écrite depuis mon départ.

(MCC, fonds Christian-Bennedsen, lot de correspondance, boîte P-29, groupe14, le 7 octobre 1952, Chris Bennedsen à Anna Bennedsen
Bien que Christian ait correspondu avec beaucoup de parents et d’amis, c’est avec sa mère, Anna Bennedsen, qu’il a entretenu un échange particulièrement assidu. Elle lui parlait de ses journées de travail interminables et de ce qui se passait dans leur petit village. Il lui brossait un tableau du nouveau monde dans lequel il vivait. Il est clair qu’elle était sa plus grande confidente, tout comme il le fut pour elle. Leur relation s’est épanouie malgré la grande distance qui les séparait.
Maintenant, je ne peux pas sortir avec toi comme nous le faisions avant, aller faire des courses, parler. Et cela me manque. Sigvard a dit l’autre jour que tu voulais toujours avoir ta maman avec toi quand tu allais acheter des vêtements et, comme ça, tu achetais toujours quelques petites choses pour lui aussi. Et maintenant cela me manque beaucoup, les jours où nous nous promenions et nous nous arrêtions pour prendre un café et nous parler. Nous le ferons encore un jour, peut-être.

(MCC, fonds Christian-Bennedsen, lot de correspondance, boîte P-29, groupe14, le 23 mai 1952, Anna Bennedsen à Chris Bennedsen
Chris écrivit sa première lettre à Copenhague, le 27 novembre 1951, en attendant d’embarquer à bord du Oslofjord, un navire à vapeur. Puis il a continué à écrire sans relâche, pendant de nombreuses années après son arrivée au Canada. Les onze premiers mois, Chris et ses parents, ses amis et ses voisins à Spandet ont échangé 242 articles de correspondance.

Vingt personnes firent partie de ce réseau de correspondance. La plupart des 700 lettres du fonds Christian-Bennedsen du Musée canadien des civilisations furent échangées entre 1951 et 1959. À l’époque, dans les deux pays, la poste était remarquablement fiable. Les premières années, une seule lettre fut perdue, et beaucoup traversèrent l’Atlantique par avion. À cette époque, l’envoi d’une lettre à Spandet coûtait de cinq à quinze cents, et la lettre y parvenait en cinq jours à peine. C’était également le cas du courrier expédié de Spandet.

Je les lis souvent, toutes. Et je ne sais pas ce que je ferais sans elles.

(MCC, fonds Christian-Bennedsen, lot de correspondance, boîte P-29, groupe11, le 7 janvier 1952, Chris Bennedsen à Anna Bennedsen

Chris Bennedsen, à sa première visite aux chutes Niagara, 1954
Chris Bennedsen, à sa première visite aux chutes Niagara, 1954. (Collection privée)
L’exposition que vous allez explorer raconte l’histoire remarquable d’un immigrant arrivé au Canada après la guerre. Vous allez connaître son regard et entendre sa voix. Le fonds Christian-Bennedsen, conservée dans les archives du Musée canadien des civilisations, contient des centaines de lettres, des milliers de photographies, des carnets de travail, des périodiques canado-danois, des passeports, des documents de citoyenneté, d’autres articles qui ont trait à l’émigration et à l’immigration, et des images émouvantes. Nous avons puisé dans cette collection, unique et fascinante, pour raconter l’histoire que vous allez découvrir. Nous vous invitons à consulter cet apport modeste et personnel de l’histoire de l’après-guerre au Canada en suivant le parcours d’un Danois qui débarqua dans ce pays, peu de temps après les soldats revenus de la guerre, et en lisant quelques-unes de ses lettres. Les immigrants comme Chris Bennedsen et sa femme italo-canadienne, Connie, ont jeté, à Toronto, les semences d’un nouveau genre de société qui, avec le temps, irait bien au-delà des limites britanniques de sa composition culturelle et ethnique d’origine. Enracinée dans le passé, l’histoire de Chris Bennedsen a quelque chose à dire sur ce que le prochain siècle pourrait réserver au Canada qui, lui, est une communauté qui en comprend plusieurs.

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