Les navires de la troisième expédition

Navire


La flottille de Frobisher en 1578 comptait 15 navires ayant divers ports en lourd : l'Aid (200 tonnes), le Thomas Allen (160 tonnes), le Hopewell (150 tonnes), l'Anne Frances (130 tonnes), le Francis of Fowey (130 tonnes), le Thomas of Ipswich (130 tonnes), le Salomon of Weymouth (120 tonnes), l'Armonell of Exmouth (100 tonnes), le Beare Leicester (100 tonnes), le Barke Dennis (100 tonnes), l'Emanuel of Bridgwater (100 tonnes), le Mone of Fowey (100 tonnes), le Judith (100 tonnes), le Michael (30 tonnes) et le Gabriel (30 tonnes).

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La flottille de Frobisher quitte le sud d'Angleterre le 31 mai 1578 :
(de gauche à droit) le Francis of Fowey, le Thomas Allen, le Judith, le Mone of Fowey, le Beare Leicester, l'Armonel, l'Aid, le Michael, le Barke Dennis, le Salomon of Weymouth, l'Emanuel of Bridgwater, le Thomas of Ipswich, le Hopewell, l'Anne Frances, et le Gabriel.

 
Aquarelle par Gordon Miller © 1999

En 1577, le gouvernement anglais effectua une étude (non complétée) sur le trafic maritime. Des 791 navires recensés, seulement 131 avaient un port en lourd de 100 tonnes ou plus. On peut donc déduire qu'environ 10 p. 100 des plus gros bâtiments de la marine marchande anglaise ont pris part à l'expédition menée par Frobisher en 1578. Les bâtiments privés de 100 tonnes ou plus pouvaient être réquisitionnés pour servir l'État en temps de guerre ou, dans le cas de ce voyage, pour le transport de marchandises.

À l'exception de l'Aid, navire de guerre appartenant à l'État et donc fortement armé, les bâtiments de l'expédition de 1578 étaient typiques des navires de l'Angleterre à l'époque élisabéthaine. Ils étaient probablement tous construits avec une ossature. D'abord utilisée en Angleterre au XVe siècle, cette méthode de construction était devenue, dès le XVIe siècle, la plus couramment utilisée dans le Nord de l'Europe et vraisemblablement aussi en Angleterre. Selon cette méthode, on construisait d'abord l'ossature qui était ensuite recouverte de planches posées également de sorte que l'extérieur du navire était lisse. On utilisait probablement une grande quantité de clous en bois pour fixer les planches.

Aid L'Aid ( 200 tonnes )
Aid
Thomas Allen Le Thomas Allen ( 160 tonnes )
Thomas Allen
Gabriel Le Gabriel ( 30 tonnes )
Gabriel
Illustrations par Gordon Miller © 1999

Décoration

Toujours avec l'exception de l'Aid, on ignore tout de l'apparence extérieure des navires. L'Aid est représenté sur une carte de la baie de Smerwick (1580). L'image donne une idée de la structure du navire, y compris des ponts et de la superstructure. Représenté de côté avec la proue à gauche, on observe que l'Aid était muni de cinq meurtrières placées au-dessus d'une ligne de planches renforcées, ce qui correspond vraisemblablement à l'emplacement de la batterie. Deux petits hublots qui se trouvent à l'arrière du navire révèlent que le pont était peut-être muni d'une section inférieure. Un pont exposé se trouve peut-être au-dessus des canons. À l'avant du navire, on remarque qu'il y a seulement un niveau au-dessus du pont exposé. À l'arrière, il y en a deux. La plupart des navires de Frobisher avaient probablement des superstructures qui servaient au cours des combats et aussi pour l'aménagement des cabines.

On ignore la taille des bâtiments, sauf dans le cas de l'Aid, dont la quille mesurait 22 mètres (73 pieds) de long. La poutre mesurait près de 7 mètres (22 pieds) de large. Ces chiffres indiquent que l'Aid était légèrement plus grand que le Matthew de Cabot, dont on a récemment construit une réplique qui a ensuite effectué la traversée de l'Atlantique.

Le Matthew; MCC S2003-1307 Le Matthew; MCC S2003-1306 Le Matthew; MCC S2003-1308
Une réplique du navire Matthew de Jean Cabot
 
Photographies : Stephen Alsford

On ignore quel mécanisme permettait de manœuvrer les navires. Tous étaient vraisemblablement munis d'un gouvernail à l'arrière, mais on ignore par quel moyen ceux-ci étaient commandés. On se serait aussi servi de voiles pour manœuvrer. Les navires comportaient vraisemblablement tous une cuisine. Dans les navires de guerre royaux de l'époque, la cuisine se trouvait normalement dans la cale et était munie d'un foyer en tuiles et parfois d'un fourneau. La fumée était évacuée par une cheminée percée dans le pont. À bord d'autres navires, on cuisinait peut-être dans une salle intégrée à la superstructure.

On sait que l'Aid, le Judith, le Gabriel et le Michael avaient tous un mât de misaine et un mât arrière ainsi qu'un mât de hune à l'avant et un grand hunier muni de voiles carrées. Ils avaient aussi un artimon avec une voile latine triangulaire. Il se peut que l'Aid ait eu deux voiles latines. De plus, les bâtiments étaient équipés d'une livarde carrée placée sous le beaupré. Ce modèle, qui date du XVe siècle, était répandu dans le Nord de l'Europe. Les mâts étaient soit des mâts à pible taillé dans un seul arbre, soit des mâts « fabriqués » avec plusieurs morceaux de bois. Il fallait « fabriquer » les mâts lorsqu'on ne pouvait trouver d'arbres assez grands et droits pour être transformés en grands mâts. Les voiles étaient en toile, généralement importée.

Plusieurs pinasses et autres petits navires furent achetés pour le voyage. Ils étaient utilisés pour explorer le littoral et transporter des hommes, du matériel, des provisions et du minerai depuis les navires jusqu'au rivage. Le drome de l'Aid avait un mât et un cabestan.

Les navires qui formaient la flottille de 1578 n'étaient pas de conception spécialisée et ne transportaient pas de matériel spécial pour naviguer dans les eaux agitées et dangereuses de l'Arctique.



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