L'exploration du Nord-Ouest avant Frobisher

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La recherche d'un passage par le nord-ouest reliant l'Atlantique et le Pacifique débuta au début du XVIe siècle et se poursuivit jusqu'au XIXe siècle. En 1507 ou 1508, l'explorateur Sébastien Cabot fut le premier à tenter de franchir le fameux passage. Il a affirmé plus tard qu'il jouissait de l'appui du roi d'Angleterre Henri VII. On ne sait exactement jusqu'où il s'est aventuré dans les eaux de l'Arctique, car il avait tendance à exagérer ses exploits. Quoique le passage du Nord-Ouest continua d'obséder Cabot, il n'eut pas l'occasion de retourner dans la région pour pousser ses explorations.

Le règne de Henri VIII (1509-1547) est caractérisé par un ralentissement des activités dans le nord-ouest de l'Atlantique. En 1527, éventuellement influencé par le globe de Johannes Schöner, le monarque expédia deux navires pour cartographier le littoral nord-américain. Un seul revint en Angleterre, ayant accompli sa mission. En 1541, Roger Barlow, commerçant de Londres, fit valoir auprès du roi la nécessité d'affréter une autre expédition dans le nord-ouest puisqu'il s'agissait là de la seule voie encore ouverte, vu la domination espagnole sur l'Atlantique sud. Quoique le projet ait été sérieusement étudié par le Conseil privé, il fut en fin de compte abandonné. L'année suivante, le cartographe Jean Rotz présenta au roi Henri VIII un atlas (que le roi français avait refusé) qui comportait les premières illustrations à parvenir en Angleterre des découvertes faites par Jacques Cartier au cours de ses premier et deuxième voyages.

En 1547, année de la mort de Henri VIII, Sébastien Cabot regagna l'Angleterre après un séjour de plusieurs années en Espagne. Il croyait toujours fermement à l'existence d'un passage par le nord-ouest. La même année, ayant terminé ses études en France, John Dee rentra en Angleterre, avec en tête l'information géographique et cartographique la plus à jour et fin prêt à appuyer la notion d'une route maritime vers l'Asie passant par le nord-ouest.

Même si Henri VIII sembla s'intéresser pendant un temps à des explorations plus poussées, son intérêt s'éteignit graduellement. Ce ne serait pas avant l'époque du roi Édouard VI et de ses protecteurs, les ducs de Somerset et de Northumberland, que les expéditions outre-mer seraient réellement encouragées de nouveau. Bien des gens, dont John Dee, le duc de Northumberland et les Merchant Adventurers of London [Marchands aventuriers de Londres], prirent part aux discussions concernant d'éventuelles expéditions, étalées sur plusieurs années. Toutefois, ce n'est qu'en 1550, lorsque les Marchands aventuriers furent contraints de trouver un nouveau marché pour écouler leurs étoffes, que les discussions prirent une tournure sérieuse. Ils décidèrent de tenter d'atteindre l'Asie par le nord-est. L'expédition menée en 1551-1553 n'atteignit pas Cathay, mais ouvrit un nouveau marché en Russie et mena à la création de la Muscovy Company [Compagnie de Muscovie].

Durant le règne de la reine Mary, qui était étroitement liée à l'Espagne, aucune expédition ne prit le chemin du Nord-Ouest. Toutefois, lorsque Élisabeth accéda au trône en 1558, elle était ouverte aux idées et aux projets nouveaux. John Dee, lord Burghley et Thomas Gresham comptaient notamment parmi ses conseillers.

En 1566, Humphrey Gilbert sollicita l'appui de la Reine dans sa recherche du passage du Nord-Ouest, mais la Compagnie de Muscovie bloqua le projet. L'intérêt fut ravivé dans les années 1570, lorsqu'un projet d'exploration fut conçu par un groupe au sein de la Compagnie, sous l'égide de Michael Lok, avec Gilbert et Dee comme conseillers et l'appui de lord Burghley. Un marin expérimenté et courageux, Martin Frobisher, était prêt à diriger l'expédition. Même à cette époque, il était difficile d'obtenir un soutien financier, mais en 1576, on disposait de fonds suffisants pour affréter une expédition modeste.



 


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