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La maison Carrière
85, rue Victoria

La maison Carrière

Le terrain de la maison Basile Carrière est passé de Philemon Wright à son fils Ruggles, puis à sa petite-fille, Hannah Wright-Currier. En 1879, elle vend à Honoré Labelle, un boucher, un petit lot du Lower Village of Hull, devenu en 1875, la Cité de Hull.

En 1881, Labelle revend le terrain au commerçant Calixte Lebrun dit Laforêt, qui le cède à Basile Carrière, le 27 février 1886. Comme ce terrain est bien situé, c'est-à-dire juste en face du marché public, Carrière achète aussi, la même année, une partie d'un lot contigu. Le 5 juin 1888, un incendie, allumé par le cigare de l'échevin George Marston, qu'il a jeté en montant à la salle de l'hôtel de ville, au-dessus du marché public, détruit ses bâtiments et sept îlots de maisons du quartier. Carrière achète immédiatement l'autre moitié du lot et fait construire cette maison dont le toit mansardé et les lucarnes sont de style Second Empire, très en vogue dans le dernier quart du XIXe siècle. Il y établit sa quincaillerie et sa résidence.

En 1893, il dirige un groupe de marchands de Hull qui s'opposent à la construction du pont interprovincial, craignant les conséquences sur le commerce local. C'est probablement ce qui le pousse à fonder la première Chambre de commerce de Hull, en 1895. Commissaire, puis président de la commission scolaire de Hull, il dirige la reconstruction de presque toutes les écoles de la ville après le feu de 1900. Il représente son quartier au conseil de Hull, de janvier 1901 à avril 1902. Les nombreux titres de propriétés et les marchés révèlent un homme financièrement très à l'aise.

Basile Carrière, né à Sainte-Scholastique, vers 1851, épouse Adéline Filteau, de trois ans son aînée. Ils eurent trois enfants : Edgar, Jeanne et Maria. Edgar, partenaire dans le commerce paternel vers 1904, épouse Lorenza Bisson. Trois enfants naissent de ce mariage, mais un garçon, Basile, meurt à trois ans, le 12 février 1915. Sept jours plus tard, le père de l'enfant trépasse à son tour. La grand-mère, Adéline, laisse une somme de 8 000 $ pour l'éducation des deux enfants restants, indication de l'importance accordée à cet aspect dans cette famille, à une époque où il fallait payer pour fréquenter l'école. C'était une somme considérable. La maison Carrière était alors évaluée à 7 300 $.

Les deux filles de Basile et d'Adéline épousèrent des voisins. Jeanne fit la conquête du jeune Lionel-A. Gendron, qui habitait de l'autre côté de la rue, et Maria, celle de Jean-Dosithée Chéné, un ingénieur civil, en 1913. Basile Carrière décéda le 5 mars 1917. Son épouse Adéline, malade depuis quelques temps, le suivit outre-tombe, huit mois plus tard, le 22 novembre.

Un ami de la famille se rappelait que le célèbre pianiste Arthur Rubenstein était un ami de Carrière et qu'il avait rendu visite à ce dernier à sa résidence de la rue Victoria. L'anecdote donne un certain lustre à cette famille, mais il indique surtout qu'elle côtoyait la classe bourgeoise de la ville.

En 1915, Carrière loue sa quincaillerie à J. Lapointe. En 1920, ses filles louent la maison à la Banque de Montréal, qui y installe sa deuxième succursale à Hull. Le gérant, Robert L. Curphey, logeait à l'étage. Au cours des années 1920, un garage et ses pompes à essence partagent le rez-de-chaussée avec la pharmacie J. Patry. À l'étage, on avait aménagé trois appartements.

Lorsque Lucien Laverdure et son épouse, Claire Lamotte, achètent la maison en mars 1941, le restaurant Ritz Sandwich Shop occupe le rez-de-chaussée tandis que trois locataires logent au premier étage. Un appartement est inoccupé. Les Laverdure habitent un des appartements jusque 1958 environ. Laverdure, né à Hull, le 30 mars 1899, était un des sept enfants de Moyse Laverdure et de Marie Louise Eugénie Filteau, et le neveu d'Adéline Filteau-Carrière. Il est secrétaire-trésorier de la commission scolaire de Hull pendant de nombreuses années. Il décède à l'hôpital du Sacré-cœur, le 13 janvier 1970.

Le 7 octobre 1963, Laverdure vend la maison, divisée en appartements, à un électricien, Édouard Schryer. Celui-ci y réside jusqu'en 1975. C'est alors la corporation MACPAT Services, dont le bureau-chef est à d'Ottawa, qui achète l'édifice pour y établir des bureaux.

Depuis, la belle maison de pierre au toit mansardé est devenue le point de repère du quartier du Musée canadien des civilisations. Avec sa voisine du coin de rue opposé, la maison Gendron, elle signale l'entrée du quartier historique.



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