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La Banque de Montréal
40, promenade du Portage

La Banque de Montréal

Trois Philemon Wright sont tour à tour les propriétaires du terrain où se trouve cette banque. Du premier Philemon (1783-1821), à qui il a été concédé en 1806, il passe à son père, Philemon Wright, le fondateur de Hull, en 1808. Après le décès de ce dernier, en 1839, et suite aux transactions de l'héritage, son petit-fils, Philemon (1841-1874), en devient le nouveau propriétaire. Celui-ci le transmet à sa nièce, Janet Louisa Scott, laquelle le vend, en 1885, à sa mère, Nancy Louisa Wright, femme de John Scott. Ce terrain, comme beaucoup d'autres, est soumis à la rente annuelle du constitut, que les propriétaires de bâtiments qui y sont érigés doivent payer au propriétaire du terrain. Ils ne le font pas toujours et, suite au procès intenté par Nancy Louisa Wright aux trois occupants du terrain, celui-ci est libéré des droits de constitut en avril 1901.

Le tout premier occupant de ce terrain est Dosithée C. Simon, qui y construit une maison en bois de deux étages en 1869. Olivier Latour, marchand de bois d'Ottawa, transforme la maison en hôtel, qu'il loue à William Ready, en 1884, et à Gustave Chevrier, en 1885. Vers 1892, Eléonore Paul, veuve d'Alexandre Chevrier, achète l'hôtel, qu'en 1900 le grand feu rasera.

Olivier Latour rachète le terrain vacant en octobre 1901 et le vend, cinq jours plus tard, à Joseph-Napoléon Fortin et à Joseph-Ephraim Gravelle. Ces deux hommes d'affaires achètent aussi de Latour, en mars 1902, le terrain voisin qui logeait trois commerces, avant 1900, rue Main (Principale) : le restaurant de Bertrand Florimont, l'établissement de portes et fenêtres Philion H. & Co., et la forge d'Adolphe Gratton. Ils y font construire l'Office Hotel. Fortin et Gravelle avaient déjà acheté, le 30 mai 1900, peu après le grand feu, l'atelier du sellier et bourrelier Edmond Bertrand, sis derrière l'hôtel Chevrier, du côté de la rue du Pont. Bertrand, qui y avait établi son atelier en 1885, le vend à Henry J. Borbridge, sellier et marchand de cuir d'Ottawa, en 1892. Ce dernier le loue à F.-X. Laroche, aussi sellier. Gravelle et Fortin firent ériger une nouvelle maison au même endroit. Ayant acquis les trois immeubles, ils laissent vacante une partie du terrain en attendant de trouver preneur.

Le lieu est intéressant à plusieurs égards : tout près, se trouve la compagnie Eddy et ses quelque 2000 employés; de l'autre côté du pont, la compagnie Booth procure du travail à de nombreux Hullois; les deux artères commerciales principales de la ville passent de part et d'autre et, le lieu de correspondance des transports publics est en face, sur la commune. En 1907, la Banque de Montréal choisit donc cet endroit pour y ouvrir une succursale. Le 30 mars 1907, la firme Fortin et Gravelle lui cède le terrain contre 35 000 $. Quatre-vingt-dix ans après sa fondation, à Montréal, la première banque du pays s'établit à Hull et entreprend donc de faire construire, par la firme Keefer et Weekes, un bâtiment de style beaux-arts, très à la mode auprès des institutions bancaires à l'époque. En septembre, le coût du projet est évalué à 40 000 $. Pendant l'exécution des travaux, la Banque ouvre un comptoir dès le premier mai 1907 dans l'hôtel voisin. Elle n'a que deux compétiteurs : la Banque d'Ottawa et la Banque provinciale du Canada. La population grandissante de la ville s'avère une clientèle non négligeable.

Les premiers gérants de la sous-succursale sont P. J. C. MacDonnell, en 1907, à qui succèdent A. R. Paget et H. G. Fisher. Robert L. Curphey, nommé en 1919, occupera cette fonction durant de nombreuses années. En 1918, la succursale cesse de dépendre de celle d'Ottawa et ouvre elle-même une sous-succursale, deux ans plus tard, dans la maison Carrière, rue Victoria. Pendant 63 ans, elle offre ses services aux citoyens hullois. Dans le vent de spéculation, la Banque de Montréal transfère sa succursale à l'angle des rues Principale et Laval, le 23 novembre 1970.

Commence alors un nouveau type d'occupation. D'abord, Roland Pelletier déménage son restaurant Chez Roland dans l'ancienne banque, mais ne parvient pas à y rétablir sa clientèle, disparue avec les démolitions. Le 16 décembre 1974, la Commission de la Capitale nationale achète l'immeuble qu'elle loue. Trois restaurants y seront lancés successivement : l'Agostino, La Marelle et Le Steak qui rit. La promenade du Portage est désertée par les citoyens et ces établissements ne survivent pas. Entre deux commerces, le bâtiment demeure vacant. Menacé par des transformations importantes, la Ville le cite monument historique, le 6 juin 1989, par le règlement 2113. En 1990, Afif Abou Raphael achète l'immeuble de la CCN et y établit le dépanneur L'Escale. Après un nouvel abandon, Danielle Richer acquiert le bâtiment en 1995 et y ouvre, avec Howard Graveline, un commerce de prêt sur gage qui semble avoir une clientèle assidue.



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