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La Fonderie
211, rue Montcalm

La Fonderie

La fonderie de la Hull Iron and Steel a vu le jour en 1913. Lituanien immigré au Canada en 1905, Archibald H. Coplan, établit cette fonderie avec le financement de Janet Louisa Scott, arrière-petite-fille du fondateur de Hull, Philemon Wright, et la nièce de cette dernière, Lois Scott-Hadley. La nouvelle usine est érigée sur une partie de la ferme ancestrale, à petite distance de leur maison, cette belle propriété du 28, boulevard Taché, située à côté du ruisseau de la Brasserie.

Plus de 700 employés, en majorité des Hullois, transforment le fer et fabriquent de l'acier dans la nouvelle fonderie. Fondeurs, mouleurs, forgerons et journaliers produisent mille pièces d'acier servant à la fabrication des trains de chemin de fer, à celle des machines utilisées dans les mines et les industries. Ils font aussi des rails de chemin de fer, des rails de transport interne pour les industries, des chenilles de chars d'assaut pour la Défense nationale et des matériaux de construction. À la fin de la Première Guerre mondiale, la fonderie est la quatrième aciérie en importance au Canada. En 1940, elle est la plus grande du pays dont les fournaises sont alimentées exclusivement à l'électricité. Elle détient les brevets pour la fabrication de pièces d'acier résistant à la chaleur. L'entre-deux guerres voit le nombre d'employés tomber à environ 150. Néanmoins, certaines familles hulloises, père et fils, travaillèrent à la fonderie pendant de nombreuses années. La guerre à peine terminée, la Hull Iron and Steel fait faillite et cesse ses activités abruptement en juillet 1946.

De la vingtaine de bâtiments qui composaient le complexe manufacturier, il en reste trois. L'ancien bureau-chef de la Hull Iron and Steel, au 211, rue Montcalm, construit en 1913-1914, a vraisemblablement été rénové vers 1930. Le palais de justice et des bureaux du ministère de la Famille et du Bien-Être y logent pendant huit ans. Par la suite, le centre d'artistes Axe Néo 7 et la maison de production Daïmon y ont des ateliers jusqu'en 2002.

Le plus important édifice du complexe, l'énorme bâtiment de production, date de l'hiver 1942-1943. L'entreprise hulloise Ed. Brunet et fils construisit deux nouveaux bâtiments selon les plans des architectes ontariens Richards et Abra. Le premier, le bâtiment de production, de style classique moderne, est érigé par-dessus l'ancien bâtiment de 1912, sans que cesse la production de l'acier. À l'intérieur, il y avait des fours et des bassins, des meules et de nombreux moules. L'histoire de la fonderie était inscrite dans les matériaux de construction. Un rail sert de poutre d'acier décorative sur la façade de l'édifice. La frise d'acier gondolé était aussi un produit de la maison. Les initiales de la compagnie et la date de fondation sont inscrites dans le béton, sur le trottoir, devant la porte du bâtiment administratif. Le second, l'édifice du 2, rue de Lorimier, construit en décembre 1942, comprenait des douches, une cafétéria et une infirmerie pour le personnel de la Hull Iron and Steel. Ces trois endroits illustrent bien l'amélioration des conditions de travail des ouvriers d'usine sur le plan de l'hygiène et des services offerts.

La compagnie J. H. Connor & Son Co. Ltd, fabriquant de machines à laver depuis 1875 à Montréal, s'établit à Ottawa vers 1880 et achète l'usine hulloise en 1949. Elle transforme l'intérieur des bâtiments, en particulier celui de la production. Elle engage annuellement environ 800 personnes. La manufacture Connor continue la fonction industrielle reliée au métal, mais sous une forme différente. Cessant sa production à Hull vers 1960 ou 1961, elle conserve l'usine jusqu'en 1966, vendant progressivement la propriété aux frères Bourque, identifiés sous plusieurs raisons sociales. Ces derniers louent les bâtiments à diverses institutions gouvernementales, provinciales et fédérales. En 1972, le gouvernement du Canada y loge les Services techniques du ministère de l'Énergie, Mines et Ressources. La Commission de la capitale nationale acquiert la propriété entre 1974 et 1977, y conservant les locataires gouvernementaux. Elle cède la propriété à la Ville en décembre 2001.

La fonderie de la rue Montcalm, en particulier le grand bâtiment de production, ne s'impose pas seulement par son format gigantesque, mais aussi par son activité industrielle, particulièrement importante dans l'évolution des produits métallurgiques du 20e siècle, et sa participation significative dans l'effort de guerre de même que comme lieu de travail pour quelques milliers d'hommes de l'Outaouais au cours du demi-siècle de son existence.

En 2003, la nouvelle ville de Gatineau entreprend la restauration de l'édifice principal sous la direction des architectes québécois Côté et Leahy. L'entrepreneur Raymond Brunet reprend l'œuvre de son grand-père. Aujourd'hui, la Fonderie rappelle l'importance de Hull comme ville industrielle au XXe siècle. Le bâtiment entre dans le XXIe siècle avec une fonction... sportive !



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