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La mercerie Pharand
77, promenade du Portage et 1, rue Leduc

77, promenade du Portage

Alfred Lane achète ce terrain de Janet Louisa Wright avant 1884. Ce cordonnier habite une maison en bois qu'il agrandit couvrant ainsi tout le lot. De 1888 à 1900 s'y trouve aussi Hermine Lapierre, qui tient une librairie. En 1892, Jean-Baptiste Pharand, de Saint-Clet, comté de Soulanges, acquiert l'immeuble où Lane et son fils continuent d'y vivre encore deux ans. La famille Pharand habite rue Inkerman (Champlain). Après le départ de Lane, la maison est louée; ainsi, en 1896-1897 on y trouve six locataires. L'année suivante, il n'y en a plus. Jean-Baptiste Pharand projette la construction d'un nouveau bâtiment, mais abandonne l'idée suite à sa séparation avec son épouse. Ayant fait don de cet immeuble à Wilfrid Pharand en 1898, il quitte Hull.. Wilfrid Pharand transmet la propriété au fils du premier, aussi prénommé Jean-Baptiste.

La Mercerie J.-B. Pharand ouvre ses premiers locaux le jour même du grand feu de 1900. Il faut huit ans à Jean-Baptiste Pharand, fils, pour construire un nouveau bâtiment. En 1908 s'élève enfin cet édifice de trois niveaux dont le style à l'italienne est à la mode dans la construction commerciale et domiciliaire au tournant du siècle. Au rez-de-chaussée, la mercerie offre, jusqu'en 1964, des vêtements masculins manufacturés et un atelier de couture pour les ajustements et la confection sur mesure, situé au deuxième étage. L'accès à la résidence du premier étage se fait au numéro civique 1, de la rue Leduc. L'appartement est d'abord occupé par Charles Leduc en 1908-1909, puis par la famille de Jean-Baptiste Pharand à compter de 1911.

Pharand, né à Saint-Clet le 15 août 1882, fait des études commerciales au collège de Rigaud, puis son apprentissage au magasin de son frère Joséphat (1873-1956). Il épouse Lumina, fille d'Odilon Lapointe et de Lumina Rousseau, en 1911. Quatre fils et deux filles naquirent de ce mariage : Paul, Émile, Ubald, René, Madeleine et Charlotte. La famille réside dans l'appartement luxueux du premier étage. Puis, à l'instar de plusieurs autres familles hulloises, elle séjourne aux Cèdres, près d'Aylmer.

Pharand, homme à l'humeur joviale, est actif dans son milieu. Il contribue financièrement au succès des sports à Hull. Il fonde la première salle de quilles dans la ville, dont la populaire salle B & B. Échevin de 1926 à 1932, il devient commissaire d'écoles (1938-1939), puis président de la commission scolaire (1940-1941). C'est l'époque de la construction de l'église Ste-Bernadette, à laquelle il donne un carillon de trois cloches. Elles sonnèrent lors de ses funérailles. Il meurt le 15 juillet 1951 à l'Hôpital général d'Ottawa, à l'âge de 69 ans. Sa dépouille fut exposée à sa résidence.

Son testament, rédigé un mois exactement avant son décès, est imprégné du lien d'amour et d'estime pour son épouse, à qui il lègue la gestion et l'usufruit de tous ses biens. La propriété, elle, va à ses enfants. Paul et Émile continuent le commerce paternel. Charlotte (née en 1922) était mariée à Philippe-Alphonse St-Germain depuis 1946. Madeleine (née en1926) épousa André Dussault, médecin, fils d'Edgard, peu après le décès de son père, le 25 août 1951. Lumina Lapointe ne se remaria pas. Elle déménage chez sa fille Madeleine où elle meurt le 27 mars 1983.

Elle vécut suffisamment longtemps pour voir l'ancienne rue Principale devenir un axe de circulation empruntée seulement par les fonctionnaires qui n'achètent guère à Hull, et voir fermer leur mercerie en 1979. Un magasin d'artisanat tente de séduire une nouvelle clientèle, mais sans succès.

Deux ans plus tard, la D.C. Hotel Inc. loue le local. Suite à un incendie criminel, le 9 mars 1981, le mur entre ce bâtiment et le voisin (75, du Portage) est percé pour ouvrir le salon-bar Tabasco. Un logis et un bureau occupent le premier étage et deux autres logis sont situés au deuxième. Gilbert Legault trouve le local de l'artisan tout à fait approprié pour une librairie « érotique », qui ne ressemblait sûrement pas à celle d'Hermine Lapierre, établie un siècle plus tôt. En 1984, Pierre Pharand, fils d'Émile, orfèvre, transforme le local de la librairie en bijouterie. Le Tabasco devient l'Helium en 1987. Ce nom étant contesté par l'Office québécois de la langue française, le propriétaire le renomme Zap. Un nouvel incendie l'oblige à fermer en juin 1991. Le propriétaire du bar, Denis Lanoue, obtient des Pharand la reconstruction du mur mitoyen percé en 1981. En février 1992, la Régie des permis d'alcool suspend son permis d'exploitation. En 1995, Nézar Békir louait, pour cinq ans, l'immeuble des Pharand pour y établir un restaurant. Les lieux demeurèrent vacants jusqu'à l'ouverture du restaurant Bacci, vers 2001.



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