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La maison Aubry
177, promenade du Portage

La maison Aubry

Avant 1886, cet emplacement et la maison, malgré son occupation par la famille de Stanislas Aubry, appartiennent à Joseph Major, fils d'Elmire Biroleau dit Lafleur, qui avait épousé en secondes noces Stanislas Aubry, de Sainte-Scholastique, « constructeur de moulin », c'est-à-dire mécanicien d'usine. Ceux-ci ont trois enfants, Edmond Stanislas, Joseph-George et Marie-Louise. Ils arrivent à Hull vers la fin des années 1860.

Le 10 mai 1886, la maison est du nombre des quelque 110 bâtiments détruits dans un incendie survenu dans le secteur des rues Principale, Laval, Wright jusqu'à la rue Leduc. On semble avoir rapidement construit une nouvelle maison car, le 1er octobre, Joseph Major, fils du premier mariage d'Elmire Lafleur, fait don à ses demi-frères, Edmond-Stanislas et Joseph-George Aubry, du terrain « avec les bâtisses dessus construites » sur le lot 447, site de la maison actuelle, laissant l'usufruit de la propriété à sa mère. Le donateur, qui réside à Pueblo, au Colorado, est de passage à Hull. Un acte d'emprunt, enregistré un mois plus tard par les frères Aubry, confirme la présence de bâtiments sur le terrain. Ceux-ci disparaîtront dans le grand feu de 1900, et la maison d'Edmond-Stanislas Aubry, médecin et maire, sera érigée huit ans plus tard.

Edmond-Stanislas Aubry, né à Sainte-Scholastique, le 29 juillet 1860, a grandi à Hull. Il épouse en 1888 Marie-Antoinette Charron, fille de Séraphin Charron, cultivateur et forgeron, et de Marguerite-Jeanne St-Julien, originaire de la paroisse Sainte-Angélique-de-Papineauville, mais qui habitait à Hull avant 1872. Les mariés ont quelques biens et l'époux engage trois propriétés pour le douaire de 25 000 $. Ils eurent un fils, Raoul, né en 1890, lequel épousa Mary-Elizabeth Dunlopp à Ottawa en 1946.

Aubry fonde, le 27 août 1908, l'Association médicale du comté d'Ottawa avec d'autres médecins : Church, d'Aylmer; Syneck, de Gracefield, et D'Amour, de Papineauville. Aubry en est le président. Il participe à la vie politique de Hull pendant presque 20 ans comme échevin du quartier 4, de 1888 à 1892, en 1893, en 1898 et en 1899, puis comme maire, de 1893 à 1896 et de 1905 à 1907. Les élections se tiennent alors à tous les deux ans et, avant 1894, le maire est élu par les échevins. Aubry est le premier maire élu par vote populaire. Il fait partie de l'élite professionnelle conservatrice de la ville de Hull qui compte, parmi les maires, les Leduc, Rochon, Champagne et Fontaine. Il a quelques opinions qui nous feraient sursauter aujourd'hui. Entre autres, en septembre 1909, il propose à la Chambre de Commerce que le nom de « Hull » soit changé en celui d« Ottawa-Nord » !

En 1907, Aubry projette de se faire construire une maison, car il achète la part de la propriété de son frère, Joseph-George, qui habite à Montréal, et obtient de sa mère la cession de l'usufruit de la propriété. Celle-ci renonce à ses droits à la condition d'avoir la jouissance d'une chambre, qu'elle occupera sa vie durant, sans aucune charge dans la nouvelle maison. Aubry emprunte 4000 $ à Alfred Larose, de Hull, un mineur, hypothéquant l'immeuble en construction ainsi que deux autres dans le quartier 3. Les héritiers Larose ne seront remboursés qu'en 1948. En 1908, la maison, ornée de ses deux façades identiques, était une des plus belles de la rue et logeait le couple, leur fils et la mère du médecin.

En 1919, Aubry loue une partie de la maison pour dix ans à la Banque de Hochelaga, se conservant des pièces résidentielles. L'année suivante, il rédige son testament, établissant son épouse sa seule légataire universelle et son exécutrice testamentaire. Il mentionne l'exigence de payer à son fils Raoul les assurances qui lui seront payables nonobstant le présent testament. C'est la seule mention de son fils. La situation familiale et financière était tendue, comme le laissent comprendre les déclarations légales de Marie-Antoinette destinées à sauver son douaire.

Edmond-Stanislas Aubry décède le 19 octobre 1936. Il laisse de nombreux terrains, la plupart dans les cantons de Templeton, Low et Bouchette. La maison est divisée en logements locatifs lorsqu'en 1944 son épouse, déménagée à l'hospice Saint-Charles, à Ottawa, la vend à Joseph-Lionel Pichette, un médecin. En 1974, ce dernier la vend à son tour à son fils, Gérald, notaire, qui l'habitera pendant plusieurs années et qui y a toujours son bureau. D'autres professionnels ainsi que la fleuriste Chez Rose occupent aussi l'immeuble.

En 1998, la restauration impeccable de l'extérieur de la maison a mérité à son propriétaire le prix d'excellence de la rénovation de la Ville de Hull. De son côté, François Hamon, avocat, a apporté sa contribution à la restauration respectueuse des pièces qu'il occupe dans ce bijou du patrimoine gatinois.



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