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La maison Labelle-Desrosiers
163-167, promenade du Portage

163-167, promenade du Portage

Avant le grand feu de 1900, il y avait trois maisons, dont une que François-Albert Labelle, notaire, avait achetée en 1896. Le 12 avril 1901, il acquiert le lot complet et y fait construire une belle résidence et une annexe pour son étude légale. Oeuvre de l'architecte R.-A. Brassard, la maison était une adaptation urbaine du style néo-Queen-Anne. Depuis, des rénovations effectuées sans ne respecter l'architecture de la maison, l'ont rendue méconnaissable.

F.-Albert Labelle (sa signature) est né à Saint-Placide, comté des Deux-Montagnes, et il est venu à Hull en 1894, après ses études à Rigaud. Le 9 septembre 1895, à Aylmer, il épouse Augustine, fille de Joseph-Timoléon Saint-Julien, juge, et de Marie-Louise Papineau, une parente du célèbre Louis-Joseph Papineau, selon le journaliste Ernest Cinq-Mars. Des 14 enfants qui sont nés, plusieurs sont décédés, dont René, le 25 juin 1911, à neuf ans, et M.-Hélène, le 6 janvier 1913, à deux ans et demi. Onze mois plus tard, son épouse meurt à son tour à 40 ans. Son fils André meurt dans un accident de chemin de fer entre Québec et Hull. Lui survivront Louis, Paul et Avila, Marie-Aimée et Alberte. En octobre 1919, Labelle se remarie avec Alexina Éthier, fille de Calixte Éthier, médecin, et Aglaé Contant.

Quiconque travaille dans les dossiers juridiques du premier quart de siècle de Hull sait que le notaire Labelle est de presque tous les contrats. Son greffe compte 53 631 actes et constitue certainement l'une des plus importantes sources documentaires de l'Outaouais.

Également homme d'affaires, Labelle effectue de nombreuses transactions mobilières et immobilières. À son décès, outre sa maison et son chalet, il laisse neuf propriétés et une partie de l'île Kettle, sur l'Outaouais. Il participe au conseil d'administration de nombreux organismes et entreprises, dont l'Alliance nationale, la compagnie Argonaut Gold Mine (l'une des plus riches du continent), la Fuel Lubrication Co., la compagnie H. Dupuis Limitée. Vers 1930, il quitte la pratique légale et devient commissaire en chef suppléant de la Commission des chemins de fer du Canada.

La politique municipale et fédérale l'intéresse. Il est échevin du quartier 4, de mai 1902 au 22 janvier 1903, puis du quartier 3, de janvier 1904 à janvier 1906. Sa tentative de se faire élire à la mairie, en 1905 et en 1906, échoue : il est défait par Stanislas Aubry. Il s'était présenté à l'élection générale fédérale de 1904 contre Wilfrid Laurier qui, ayant remporté le comté de Wright par 1 206 voix, l'abandonne le 18 janvier 1905 afin de conserver celui de Québec.

Il décède à son chalet du lac Blue Sea, le 26 juillet 1933. Alexina quitte la famille quelque mois après la disparition de son époux, lui vendant l'héritage reçu contre le remboursement d'une dette. Dans la maison vivent, en 1930, neuf personnes. On y trouve notamment les enfants de Labelle, Louis et Avila, ainsi que Marie-Aimée et son époux, Henri Desrosiers, notaire. Alberte et son époux, Rosario Gaudry, vivent à Montréal. En 1940, les deux sœurs deviennent propriétaires de la maison paternelle après l'achat des parts de leurs frères.

Henri Desrosiers, fils de François-Xavier Desrosiers, notaire, et d'Edwidge Reid, est né à Bedford, comté de Missisquoi, en 1893. Il fait d'abord sa cléricature dans le cabinet de F.-A. Labelle, en 1919, et épouse sa fille Marie-Aimée, le 11 mai 1921. Son beau-père, qui l'apprécie à la fois comme gendre et comme professionnel, le remercie de son dévouement en lui laissant son greffe et ceux de deux autres notaires, Paul-Thomas Desjardins et Henri Desjardins, déposés chez lui. Au moment de son décès, le 31 décembre 1950, Desrosiers avait rédigé 40 527 actes. Comme Labelle, on le trouve dans plusieurs organisations sociales. Il est, entre autres, grand chancelier de l'Ordre de Jacques Cartier. Son fils, Pierre, né le 28 septembre 1924 et décédé en 2004, ainsi que son petit-fils, Philippe, poursuivent la tradition cléricale.

Le cadet de la famille Labelle, Avila, est aussi un citoyen hullois bien connu. Il naît le 6 août 1911, au presbytère d'Aylmer, où son oncle est curé. Après avoir étudié au collège Saint-Alexandre, à Rigaud et à l'université Laval, il accède au barreau en 1936 et ouvre son étude dans le bureau paternel. Il est procureur de la Couronne à Hull, puis conseiller juridique à la Commission de contrôle du change étranger, à Ottawa, puis revient à sa première fonction. Membre du club Rotary, des Chevaliers de Colomb et de la Chambre de commerce des jeunes, il fait partie du Théâtre lyrique de Hull. « Les artistes ont perdu un grand ami », écrira d'ailleurs le chroniqueur Edgar Demers après son décès. Il est nommé juge de la Cour des districts (Cour provinciale) le 9 janvier 1959 puis juge co-ordonnateur de la Cour provinciale pour les districts de Hull, de Pontiac et de Labelle en 1978. L'homme, dont le sens de la répartie et l'humour sont notoire, décède en mars 1998.

Les personnalités très connues qui eurent leur étude dans le bureau de Labelle-Desrosiers révèlent l'importance de ces deux notaires dans la communauté outaouaise.



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