Les fonctionnaires fédéraux et provinciaux responsables de la santé établissent une série d’accords provinciaux individuels au printemps 1965. Cependant, l’unité des relations fédérales-provinciales du ministère des Finances, menée par Al Johnson, un ancien sous-ministre de la Saskatchewan, émet de sérieuses réserves sur les plans du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social, car ils rappellent la formule des frais partagés présente dans la Loi sur l’assurance hospitalisation et les services diagnostiques plutôt que d’être tournés vers l’avenir et l’approche plus libre du fédéralisme coopératif. Par conséquent, quand Pearson rencontre le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social et les premiers ministres provinciaux, en juillet 1965, pour discuter de l’assurance maladie, la proposition qu’il soumet représente le travail fait par le ministère des Finances et le Bureau du Conseil privé, plutôt que celui du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social. Contrairement à la Loi sur l’assurance hospitalisation et les services diagnostiques, cette proposition définit les quatre principes essentiels au financement fédéral. Les provinces doivent prévoir un régime universel, administré par les pouvoirs publics, qui donnera à leurs citoyens l’accès aux services médicaux dont ils ont besoin et accessibles là où ils déménageraient. Le manque de réglementation de la part du pouvoir central surprend les premiers ministres présents à la conférence et Ernest Manning, de l’Alberta, ne tarde pas à condamner la mesure en disant qu’elle porte atteinte aux droits des provinces, tandis que W. A. C. Bennett, de la Colombie-Britannique, fait observer, avec perspicacité, que la proposition semble faire partie d’un programme électoral. Bennett a vu juste : les libéraux annoncent une élection en septembre 1965, mais ils sont vivement déçus que leur proposition d’assurance maladie universelle n’influence pas assez les électeurs pour leur donner une majorité. L’importante campagne publicitaire menée par les adversaires de l’assurance maladie universelle et les scandales qui entachent la vie politique à l’époque y ont joué un rôle.
A. W. (Al) Johnson, un important fonctionnaire de la Saskatchewan, au ministère des Finances, dont la vision d’un fédéralisme coopératif façonne les propositions sur l’assurance maladie.
University of Saskatchewan Archives, A-10404
Dans ce dessin de Duncan Macpherson, paru 19 juillet 1965, un Lester B. Pearson inepte et maladroit reçoit les propositions sur l’assurance maladie. Il sort un lapin d’un chapeau pour épargner à son gouvernement, accablé par les scandales, la censure du public.
Bibliothèque et Archives Canada, no acc. 1987-38-328, C-137462. © Succession de Duncan Macpherson