Après sa déception électorale de l’automne 1965, le premier ministre Pearson remanie son Cabinet et nomme Allan J. MacEachen, un universitaire du Cap-Breton, entré en politique dans les années 1950, ministre de la Santé nationale et du Bien-être social. MacEachen, qui fait partie de la nouvelle race des libéraux qui croient que l’État a un rôle à jouer dans la garantie de la sécurité sociale et de l’égalité, fait maintenant face à un Cabinet qui est clairement orienté vers la limitation du déficit et favorable aux entreprises. Néanmoins, quand il présente la Loi sur les soins médicaux à la Chambre des communes, le 12 juillet 1966, le ministre ouvre sa déclaration ainsi.
Le gouvernement est d’avis que tous les Canadiens devraient pouvoir s’assurer de services de santé de premier ordre, conformément à leurs besoins et indépendamment de leurs moyens financiers. Et selon nous, le seul moyen possible et efficace d’en arriver là, c’est de recourir à un programme universel, payé d’avance, pris en charge par le gouvernement. (CANADA, Débats de la Chambre des communes, 1re session, 27e législature, 12 juillet 1966, p. 7545)
Du côté de l’opposition, les conservateurs et les députés du Crédit social condamnent le gouvernement en l’accusant de ne pas tenir compte des compétences des provinces, d’être fiscalement irresponsable, de porter atteinte à la relation du médecin et de son patient et, selon Robert Thompson, le chef créditiste, de s’abandonner à « la philosophie erronée de l’État paternaliste ». (CANADA, Débats de la Chambre des communes, 1re session, 27e législature, 12 juillet 1966, p. 7564) Et de poursuivre Thomson : « À mon avis, il incombe au gouvernement d’aider ceux qui ne peuvent subvenir à leurs propres besoins. En atteignant cet objectif, nous remplirons nos responsabilités envers nos concitoyens. » Le NPD, dirigé par Stanley Knowles, réprimande le gouvernement pour avoir introduit une législation qui ne prévoit que l’assurance maladie. Où sont les autres éléments, notamment les soins à domicile, les soins de longue durée, les médicaments et les soins dentaires, qui, selon la Commission Hall, font partie d’un régime complet ? La députée du NPD Grace McInnis, fille de J. S. Woodsworth, le fondateur du parti, et partisane de longue date de l’assurance maladie, fait alors cette déclaration.
Tous les députés qui m’entourent ainsi que moi-même avons attendu impatiemment le moment où nous serions saisis de cette mesure législative, parce que nous espérons, enfin, que nous pourrons empêcher que les services de santé soient une entreprise lucrative comme cela a été le cas lorsqu’ils étaient administrés par des organismes privés et [en] faire un service pour la population du Canada. (CANADA, Débats de la Chambre des communes, 1re session, 27e législature, 12 juillet 1966, p. 7605)
Avec le soutien du NPD, les libéraux obtiennent donc une première lecture du projet de loi.
Alan MacEachen, ministre de la Santé nationale et du Bien-être social dans le gouvernement de Lester B. Pearson, peu de temps après l’introduction de la Loi sur les soins médicaux, en juillet 1966.
© Bibliothèque et Archives Canada, PA-117121. Photographe : Duncan Cameron