L’introduction du régime universel d’assurance maladie suscite des questions sur l’approche traditionnellement retenue dans la prestation de services médicaux et hospitaliers. Certaines communautés créent des établissements dirigés par les consommateurs, tels que la Saskatoon Community Clinic (1962) et le Sault Ste. Marie Group Health Centre (1963), pour rassembler des praticiens, du personnel infirmier, des nutritionnistes et des physiothérapeutes dans un endroit où l’on peut faire des tests diagnostiques et des examens physiques, offrir du counseling et diriger les patients vers les hôpitaux. Les personnes favorables à ces centres soutiennent qu’en plus d’assurer la participation des patients ils permettront d’éliminer le chevauchement des activités et de réduire les coûts. En 1972, le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social étudie Le centre de soins communautaire au Canada, le rapport du groupe d’étude sur les centres de soins communautaires présenté à la conférence des ministres de la santé et rédigé par le Dr John Hastings, de l’Université de Toronto. Selon le rapport, ces centres doivent être accessibles et bien administrés, et les praticiens et leurs patients doivent les trouver acceptables. De plus, ils doivent « faire partie d’un système de distribution des soins adapté aux besoins des gens et responsable des soins prodigués ». (Le centre de soins communautaire au Canada, vol. 1, Ottawa, Information Canada, 1972, p. 1). Le rapport est immédiatement contesté parce qu’il ne contient pas suffisamment de données sur les économies possibles. Ceux qui le critiquent craignent aussi que la mise en œuvre de ses recommandations ne soumette le public à un « réglementarisme considérable » et ne mène à une « dépersonnalisation indésirable des soins de santé et des services sociaux ». (« Appendix B: Physician Responses to the Hastings Report », dans Raisa Deber, dir., Case Studies in Canadian Health Policy and Management, vol. 1, Ottawa, Canadian Hospital Association Press, 1992, p. 253, traduction) Par conséquent, la plupart des gouvernements provinciaux, à l’exception du Québec, émettent des réserves et n’encouragent guère l’expansion des soins primaires par la mise en place de centres de santé dans les années 1970.