En Ontario et en Alberta, il y a beaucoup d’animosité contre la législation fédérale. Dans les deux provinces, les médecins refusent d’accepter ce qu’ils considèrent comme des moyens de « dicter la pratique de la médecine ». (Health Insurance and Canadian Public Policy, p. 451, traduction) En Ontario, l’élection d’un gouvernement libéral minoritaire signifie que David Peterson devra résoudre le problème avec le soutien de Bob Raeet du Nouveau parti démocratique. Une série de rencontres publiques tenues à travers la province en octobre, novembre et décembre 1985, permet au nouveau gouvernement de présenter son plan d’interdiction du dépassement d’honoraires et d’introduire la Loi sur l’accessibilité aux services de santé, le 20 décembre. Une longue période d’étude en comité suit la deuxième lecture de la Loi, car le gouvernement essaie de négocier de nouveaux tarifs avec l’Ontario Medical Association. Entre-temps, la Coalition des organismes d’aînés et d’aînées de l’Ontario et l’Ontario Health Coalition organisent des réunions publiques et des rassemblements pour faire clairement comprendre au gouvernement que « [l]e système de soins de santé de cette province n’appartient pas aux médecins. Il appartient aux habitants de cette province qui le paient au moyen d’impôts et de primes. » (Robert White, président du Syndicat national des travailleurs et travailleuses de l’automobile du Canada, cité dans Health Insurance and Canadian Public Policy, p. 453, traduction)
Cependant, les médecins de l’Ontario soutiennent que leur droit de pratiquer le dépassement d’honoraires fournit un exutoire pour l’expression de leur opposition aux tarifs actuels et à l’administration par le gouvernement. Pour montrer la force de leurs convictions, certains assistent à de grands rassemblements, le 7 mai 1986, ferment leur cabinet, les 29 et 30 mai, et font la grève le 12 juin. Quatre jours plus tard, un rassemblement à Queen’s Park dégénère en un affrontement entre des médecins et des gardiens de sécurité, qui attire l’attention de la presse nationale. Dix salles d’urgence sont fermées à Toronto, le 18 juin, et l’Hôpital de York County, à Newmarket, ferme ses portes le 25 juin. L’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario intervient alors pour rappeler aux médecins qu’ils doivent fournir des services essentiels s’ils ne veulent pas être accusés de faute professionnelle.
La grève recueille un soutien très limité de la part du public, et les professionnels de la santé qui travaillent dans des domaines connexes, comme les soins infirmiers, s’y opposent fortement. Le Medical Reform Group, bien que plus petit que l’Ontario Association of Independent Physicians, profite de la grève pour montrer que certains médecins adhèrent à tous les principes de l’assurance maladie universelle et sont prêts à travailler avec le gouvernement pour améliorer le système de soins de santé. À mesure que les médias mettent davantage en lumière l’intransigeance de l’Ontario Medical Association, la grève s’essouffle. Elle ne dure que 25 jours. La crédibilité de la profession en a beaucoup souffert et le public s’attend maintenant à ce que le gouvernement applique sa législation.