Soupière et plateau, vers 1800
Fabricant : Wedgwood
Staffordshire, Angleterre

Musée canadien des civilisations
No de cat. : A-3479-1a,b,c
Diapo No 17947

LE CREAMWARE

À la fin du XVIIIe siècle, un scientifique français, Barthélémy Faujas de Saint-Fond, souligne que l'utilisation de la terre cuite fine anglaise pour les articles de table est répandue partout en Europe, dans les Indes orientales, les Antilles et l'Amérique continentale. Avec cette terre cuite fine, de couleur crème, les potiers britanniques font leur première grande percée sur les marchés mondiaux.

Le creamware doit son succès à Josiah Wedgwood. Durant la deuxième moitié du siècle, il raffine et perfectionne une pâte existante dans le Staffordshire qui devient presque une nouvelle invention. Il l'appelle «Queen's ware» après la commande que lui en fait la reine Charlotte en 1765. D'autres potiers britanniques copient cette pâte améliorée et lui donnent le nom de Wedgwood. Les importateurs canadiens utilisent le terme «queensware» et «terre cuite crème» indifféremment, sans égard au fabricant. Légère et décorée d'une glaçure brillante, c'est la céramique la plus courante des services de table canadiens à l'aube du XIXe siècle. Ses décors sont habituellement peints à la main.



Assiette, vers 1820
Fabricant : Stevenson
Staffordshire, Angleterre

Musée canadien des civilisations
No de cat. : 993.11.1
Photo : S97-17928, CD2004-877

Beaucoup de pièces importées ne portent pas le nom du fabricant. Les potiers sont d'origines écossaise et anglaise. Il existe toutefois des archives qui montrent que des gens comme Sir James Monk, procureur général du Québec, et Sir Robert Shore Milnes, lieutenant-gouverneur de la province, possédaient du Wedgwood. Au début du XIXe siècle, on peut lire dans une annonce d'un commerçant de Québec «Excellente terre cuite fine Wedgwood de couleur crème, caisses de service de table complet». Jusqu'à la deuxième moitié du siècle, toutefois, il est rare qu'un importateur ne mentionne le nom du potier dans une annonce.

Herculaneum Pottery de Liverpool est un autre fournisseur connu de creamware au Canada. Le Musée canadien des civilisations compte parmi les pièces rares de sa collection une petite assiette à bordure lustrée qui provient de cette manufacture. C'est une pièce exceptionnelle parce que le lustre était rarement utilisé par cette poterie. De plus, le décor sous glaçure — d'un marin en train de sonder la profondeur de l'eau — se retrouve habituellement sur des pièces non identifiées.



Assiette, vers 1820
Fabricant : Herculaneum Pottery
Liverpool, Angleterre

Musée canadien des civilisations
No de cat. : 17884
Photo : S97-17884, CD2004-876

Herculaneum avait l'habitude de donner aux capitaines de navires des échantillons de ses produits pour qu'il les montre aux clients éventuels de l'autre côté de l'océan. En 1798 (deux ans après la fondation de cette manufacture), le capitaine du navire Ephron arrive au port de Québec avec un choix de pièces de terre cuite fine Herculaneum. Il les montre à George Pozer, un commerçant en vue. M. Pozer aime ce qu'il voit et fait une commande de creamware. Il devient aussi un agent de cette poterie de Liverpool. D'autres agents, éventuellement recrutés de la même manière, sont nommés à l'Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve.

À mesure qu'on avance au XIXe siècle, la terre cuite fine de couleur crème perd de sa popularité dans les foyers canadiens. Sans disparaître complètement, elle est supplantée par des pièces plus nouvelles.

Lorsqu'il est peint à la main, le décor est maintenant imprimé et souvent rehaussé à la main. Quand la «vague japonaise» déferle sur le monde occidental, atteignant le sommet de sa popularité au dernier quart du siècle, le décor du creamware reflète fréquemment ce nouvel engouement.



Assiettes octogonales, vers 1880
Fabricant : Minton
Staffordshire, Angleterre
Nom du motif : «Oiseaux de l'Essex»

Musée canadien des civilisations
No de cat. : A-3471 a,b
Diapo No 17943

L'asymétrie du décor sur une paire d'assiettes en creamware Minton de la collection du Musée canadien des civilisations reflète l'influence japonaise. Une petite théière ornementale emprunte sa forme à la poterie japonaise d'étain et de laque. Son manche simule le bambou, et on voit aussi le bambou stylisé sur son couvercle en argent.



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