Marius Barbeau Un aperçu de la culture canadienne (1883-1969)
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La vie de Barbeau

Le vulgarisateur (2)

J'ai fait oeuvre de pionnier dans chacun de ces domaines: le folklore et les arts populaires, le Canada français et les Indiens. Le temps était venu pour moi de préparer un livre, que j'ai intitulé «  Romancéro du Canada », sur le modèle du « Romancéro de France ». (Bien que déjà l'auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages important sur les études amérindienne et le folklore, le « Romancéro » entrepris dès 1917 et publié en 1937, représentait pour Marius Barbeau un jalon important dans la diffusion de la chanson folklorique du Canada français).

Et puis, lorsque la guerre a éclaté, on m'a demandé de préparer de petites brochures de chansons pour les soldats : « Le soldat canadien chante », et une autre encore, « Come a Singing! » Je me suis efforcé d'inclure les meilleurs exemples du répertoire canadien, en me basant sur ce qui se trouvait en ma possession. J'ai préparé trois gros manuscrits contenant des mélodies, des études et des illustrations. L'un deux a déjà été publié au musée. Il a pour titre « Le rossignol y chante ». Et puis les deux autres attendent encore leur tour. Il y a d'abord « En roulant ma boule », et enfin le troisième, qui comprend surtout des chansons à boire et des chansons plutôt lyriques, « Le roi boit ».

J'ai encore des manuscrits à publier, et je suis soucieux à leur sujet parce que j'aimerais les revoir et en corriger les épreuves avant mon départ. Il s'agit là de mes principaux ouvrages encore inédits sur la chanson folklorique, mais j'en ai d'autres en tête  : c'est une question de temps. Je dirais que j'ai préparé un trop grand nombre de manuscrits sur les divers sujets que j'ai étudiés : les Indiens, la linguistique, le folklore, les chansons folkloriques, l'art populaire. J'ai quelque chose comme une quinzaine de manuscrits, dont quelques-uns très épais et remplis d'illustrations, et qui les publiera? Quand j'aurai levé l'ancre, qui saura les retrouver dans mes dossiers?

Qui se donnera la peine de les chercher? Je fais tout ce que je peux pour qu'ils paraissent au plus vite, j'y tiens et je fais pression. Mais qui acceptera de les publier? Est-ce que tout ce travail sera perdu jusqu'à ce qu'on le redécouvre, dans cinquante ans?

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