L’artefact

L’artefact

© Musée canadien des civilisations, VI-I- 10, Photo Marie-Louise Deruaz, IMG2012-0171-0003-Dm


« On dit que les raquettes des tribus kutchines [gwich’ines] sont toutes du même type et que les seules variations sont celles qu’introduisent les artisans individuels. Leur qualité est probablement aussi sans pareil dans le monde entier. Il y a deux variétés principales, la raquette de chasse et la raquette de randonnée, la seule différence entre les deux étant leurs dimensions. Les raquettes de chasse, dont la longueur est plus ou moins égale à la taille de la personne qui les porte, servent à soutenir le chasseur qui marche dans de la neige fraîche quand il cherche du gibier. Les raquettes de randonnée sont bien plus petites, étant seulement assez grandes pour soutenir de façon satisfaisante une personne qui emprunte un sentier déjà tracé dont la neige est déjà tassée. Les raquettes de randonnée deviennent également des raquettes de travail quand il faut effectuer ce genre de travail, qui exige plus un mouvement des pieds sans contrainte que la capacité de couvrir du terrain.

Le même type de raquettes convient aux hommes et aux femmes, et celles des enfants ne diffèrent que par leur taille. Les enfants maîtrisent l’utilisation de raquettes à l’âge de six ou sept ans et les utilisent même plus tôt. Quand des voyageurs visitent un village, ils laissent généralement leurs raquettes enfoncées debout dans la neige, à une certaine distance. Ils font cela tout simplement parce qu’ils n’ont pas besoin de les transporter plus loin et pour les mettre à l’écart des chiens, qui mangent les lanières de babiche. De plus, le risque de perte est réduit si on laisse les raquettes dehors sur le sentier.

On privilégie le bouleau pour les cadres des raquettes, que les hommes fabriquent. L’épinette ou le saule remplace le bouleau en cas de pénurie. Dans les textes sur d’autres tribus, on qualifie souvent ce genre de raquettes de “type loucheux [gwich’in]” en raison de leur forme à tête arrondie, qui est si typique des [Gwich’ins]. Ce sont généralement les femmes qui tressent les raquettes, mais beaucoup d’hommes savent le faire aussi. »

— Cornelius Osgood, 1936