Se précipiter avec tristesse vers le bateau qui part

(Xing xing zhui zhou)

[Volumes 1 et 2]



Il s'agit d'une autre version de l'opéra cantonais Su Wu hésite à partir. L'intrigue de cette pièce est une adaptation d'évènements qui ont eu lieu dans la Chine antique. Su Wu est bien connu en Chine pour son dévouement à sa mission et sa loyauté envers son empire. Tout au cours de l'histoire de la Chine, Su Wu et sa vie ont inspiré bien des œuvres artistiques, comme des poèmes, des pièces de théâtre et de la musique. Plusieurs pièces, dont celle-ci, mettent en vedette Su Wu, et elles ont toutes des intrigues et des personnages similaires. (Pour d'autres pièces sur Su Wu dans cette collection, voir Su Wu hésite à partir, Lettre de Li Ling à Su Wu et Le retour de monsieur Su Wu.)

Su Wu (140-60 av. J.-C.) fut un messager renommé sous la dynastie des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.). À cette époque en Chine, des groupes ethniques du Nord envahirent à plusieurs reprises l'empire des Han de l'autre côté de la frontière, les plus intrépides étant les Huns.

En 100 av. J.-C., il y a une trêve de courte durée entre l'empire des Han et celui des Huns, qui sont adversaires depuis longtemps. L'empereur des Han confie à Su Wu une mission diplomatique en territoire hun. Le leader des Huns, le khan, est bien plus arrogant que prévu envers les représentants de l'empire des Han. Par conséquent, deux jeunes sous-commandants qui font partie de la délégation de Su Wu aident un des princes du khan à planifier une révolte contre le khan, à l'insu de Su Wu. Le soulèvement est un échec, et le khan ordonne l'exécution du prince. On demande ensuite à Su Wu de se rendre aussi. Conscient de ce qui s'est passé, Su Wu choisit un sort plus digne, le suicide. Impressionné par la loyauté de Su Wu, le khan envoie ses médecins juste à temps pour lui sauver la vie. Ensuite, il force les représentants des Han à se soumettre à lui et à le servir.

Beaucoup de membres de la mission des Han se soumettent au khan et acceptent de le conseiller sur les affaires chinoises. Cependant, Su Wu n'est pas des leurs. Il refuse de céder, même lorsqu'on décapite des personnes devant lui. Le khan emprisonne Su Wu dans une grotte sans nourriture ni eau, espérant le faire céder. En mangeant la laine de son manteau et en faisant fondre la neige qui tombe dans la grotte, Su Wu parvient à résister au khan. Il est ensuite exilé dans une région désolée et inhabitée de la mer du Nord (appelée actuellement le lac Baikal), où il est berger pendant 19 ans. Malgré les difficultés qu'il vit, Su Wu garde toujours son bâton de diplomate – symbole des messagers impériaux à l'époque. Il l'utilise comme houlette, et toute la fourrure qui l'orne disparaît avec le temps.

Pendant l'exil de Su Wu, le khan demande deux fois au général Li Ling, que le khan a vaincu en 99 av. J.-C., d'aller voir si Su Wu a changé d'idée. Par Li Ling, Su Wu reçoit aussi de mauvaises nouvelles de chez lui : sa mère est décédée, sa femme s'est remariée, et son père et ses deux frères ont été accusés de crimes et exécutés. Su Wu refuse toujours de se soumettre au khan, et il dit à Li Ling qu'il a toujours voulu se sacrifier pour son peuple mais n'a jamais eu l'occasion de le faire. Cependant, maintenant il a l'occasion de se donner à son pays, et il dit qu'il est prêt à toute épreuve.

Ayun, fille de Hukdan, capitaine hun, est exilée avec Su Wu, car elle a refusé de devenir la concubine du khan. Ayun et Su Wu deviennent mari et femme. Dix-neuf ans plus tard, la dynastie des Han apprend que Su Wu est encore en vie. Des troupes sont envoyées à la frontière partagée avec les Huns et exigent le retour de Su Wu. Ce n'est qu'à ce moment-là que Su Wu est libéré. Toutefois, le khan retient Ayun, sous prétexte qu'elle n'est pas sujette des Han. Su Wu est déchiré entre la famille avec laquelle il vit depuis 19 ans et le pays envers lequel il n'a cessé d'être loyal. Pour aider son mari à prendre une décision, Ayun se suicide.