Zheng De visite le sud de la région en aval du Chang jiang

Zheng De fut empereur de la dynastie des Ming (1368-1644 apr. J.-C.). L'histoire de la Chine retient nombre des activités absurdes de cet empereur quelque peu ridicule. De nature romantique, Zheng De n'aime pas les restrictions. Né dans la Cité interdite, couronné quand il est au début de la vingtaine et entouré d'un groupe de fonctionnaires rigides mais puissants, il ne peut tout simplement pas faire comme bon lui semble. Rien dans sa vie n'est privé, et il n'a aucune liberté personnelle. Vu les circonstances, il consacre beaucoup de temps à des activités qui l'amusent.

Après une journée de travail gouvernemental routinier, Zheng De aime se promener dans la Cité interdite. Il aime rigoler avec les bonnes, les gardes et les domestiques du palais. Une fois, il joue avec les armes des gardes et se blesse presque. Un officiel du palais voit ce qui se passe et formule une plainte lors d'une réunion au palais. Pour assurer la sécurité de Zheng De, on lui demande d'arrêter de traîner dans le palais et de rigoler avec les domestiques parce qu'il a un statut royal. Zheng De devient très frustré, décide de déménager et se fait construire une maison à l'extérieur de la Cité interdite, où il vivra avec ses animaux de compagnie. Il la baptise la Maison du léopard. Il y élève des léopards et fait de la maison un endroit où les musiciens, les étudiants, les prêtres taoïstes, les moines et les étrangers – dont un voyageur portugais – peuvent faire la fête. Zheng De compose aussi de la musique de chambre, dont le populaire Sha bianyue. À l'époque, la Maison du léopard est bien connue pour la vie dissolue qui y règne. Zheng De élève aussi des tigres dans un endroit appelé « le pont du Tigre » – nom qui existe encore aujourd'hui dans une banlieue au sud de Beijing – et il aime lutter contre les tigres. Une fois, il est grièvement blessé et forcé de récupérer pendant plusieurs mois.

Pendant la douzième année du régime de Zheng De, les Mongols commencent à envahir le nord de son royaume. Zheng De veut diriger une expédition de l'armée impériale dans le nord. Ses officiels refusent cette proposition, bien sûr, parce qu'ils veulent que Zheng De reste en sécurité et parce que ce dernier a un statut royal. Zheng De fait une nouvelle proposition si ingénieuse que personne n'y aurait pensé : « Comme je ne peux pas partir en guerre en tant qu'empereur parce que c'est trop risqué, dit-il, je me nommerai officiel et m'enverrai au champ de bataille en tant que commandant. » Ainsi, il n'enfreint pas les règles. Bien que tout le monde soit choqué, Zheng De se nomme commandant en chef de l'armée impériale et s'ordonne de quitter la Cité interdite immédiatement pour le service militaire. Il peut enfin quitter Beijing, ville qu'il considère comme une prison dorée.

Il trouve les habitants, la diversité et le paysage de la région en aval du Chang jiang très attrayants, et sa visite dans cette région devient son dernier acte absurde. Il décide de parcourir la région, mais quand il propose ce voyage, ses officiels écrivent des pétitions pour y faire obstacle. Il est évident que l'empereur a encore une fois besoin d'un prétexte ingénieux. Il en trouve un pendant la quatorzième année de son règne quand son oncle – chef de guerre dans le Sud – déclare l'indépendance. Zheng De peut maintenant justifier un voyage pour assurer « la sécurité de la nation ».

Les troupes rebelles sont mal organisées, et leur défaite ne tarde pas. À peine quelques jours après que Zheng De quitte la Cité interdite avec son armée impériale, un des commandants de cette dernière capture son oncle. Quand il lit la nouvelle, Zheng De se trouve dans l'embarras : tout à coup, un voyage dans le Sud avec une force armée n'est plus raisonnable. Il prend une autre décision qui choque tout le monde. Il empêche la divulgation de la nouvelle et continue à avancer avec ses troupes. Il reste dans la région du Chang jiang pendant une année. À Nanjing, ville importante du sud de la Chine, Zheng De libère son oncle puis le recapture lui-même pour bien terminer l'expédition. Cet évènement étonnant est devenu un sujet populaire de nombre d'opéras chinois.