Les sentiments les plus intimes de la beauté préférée de l'empereur, Yang Guifei

(Yang gui fei su qing)

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En 712 apr. J.-C., Li Longji est couronné empereur de la dynastie des Tang (618-907 apr. J.-C.) et prend le nom de Xuanzong. Connu aussi sous le nom de Tang Minghuang (règne de 712 à 756 apr. J.-C.), il adore les jeunes beautés. À l'âge de 61 ans, il rencontre une jeune femme de 26 ans, Yang Yuhuang, qui a été envoyée au palais par sa famille pour travailler comme domestique.

L'empereur Tang Minghuang tombe tout de suite amoureux d'elle et lui donne le titre de Guifei, qui signifie « concubine du palais de première classe ». Elle est donc connue sous le nom de Yang Guifei. L'empereur l'aime plus que tout. Il fait construire le palais de Huaqing, une station thermale, pour qu'elle puisse se baigner et prendre les eaux quand ils y sont en vacances. Il accorde également des richesses et une position sociale à sa famille. Cela a une incidence majeure sur la société chinoise, car les familles préfèrent maintenant avoir des filles, plutôt que des garçons, dans l'espoir de les voir marcher sur les pas de Yang Guifei un jour et combler leur famille de richesse et de gloire.

Tang Minghuang passe tant de temps avec Yang Guifei que ses sujets et les fonctionnaires de la cour doivent attendre des heures chaque matin pour le consulter sur les affaires de la cour. L'empereur devient si obsédé par Yang Guifei qu'il néglige son empire. C'est en fait le premier ministre, Yang Guozhong – frère aîné de Yang Guifei, nommé par l'empereur lui-même – qui gouverne le pays, et il amasse une grande fortune par les pots-de-vin et la corruption.

Des conflits personnels et la lutte pour le pouvoir entre le premier ministre et le général An Lushan conduisent ce dernier à lancer un assaut sur la capitale. L'empereur Tang Minghuang fuit le palais précipitamment. Quand il arrive à Ma Wei (actuellement le comté de Xing Ping, dans la province de Shaanxi), à environ 100 kilomètres de la capitale, l'empereur doit faire face à la colère de la garde impériale qui exige, en échange de son allégeance, l'exécution du premier ministre Yang Guozhong. La garde menace aussi de rejoindre les rangs des forces rebelles si l'empereur n'exécute pas Yang Guifei également. L'empereur hésite beaucoup, mais il n'a pas le choix, et il couvre son visage de ses manches quand on emmène Yang Guifei.

Voyant que la situation est désespérée, Yang décide qu'elle préfère sacrifier sa vie plutôt que de mettre l'empereur en péril. Elle sera pendue à un arbre sur une colline située dans les environs. Quand on l'emmène, elle pleure et supplie les gardes et l'empereur de l'épargner. Cependant, l'empereur ne peut rien faire pour la protéger et autorise l'exécution à contrecœur. Les larmes lui montent aux yeux, et il n'ose pas regarder Yang. Quand il lève les yeux, il ne voit qu'un foulard blanc en soie par terre.

Après la mort de Yang Guifei, l'empereur a de profonds regrets. Il ne peut pas regarder la pleine lune, car cela lui rappelle les moments de joie qu'il a partagés avec sa bien-aimée. Il n'a plus envie d'être empereur. Une fois la rébellion réprimée, il retourne à la capitale et s'arrête à l'endroit où Yang Guifei fut pendue. Il traîne, constatant avec tristesse que tout est inchangé, sauf que sa bien-aimée n'est pas là. Il ne peut pas trouver l'endroit où elle est enterrée, mais, debout, il récite le serment qu'ils ont fait ensemble le 7 juillet (la Saint-Valentin chinoise) et qu'eux seuls connaissent : « Dans le ciel, nous voulons être deux oiseaux inséparables volant aile contre aile. Sur terre, nous voulons être deux arbres dont les branches sont entrelacées de printemps à printemps ».
Tang Minghuang abdique en faveur de son fils et s'installe au palais de l'Ouest, où il vit seul. Il pense à la beauté de Yang Guifei et aux moments qu'ils ont passés ensemble, et cela le torture. La station thermale qu'il a fait construire pour elle est toujours là, ainsi que les fleurs et les arbres. Il a l'impression de n'avoir jamais quitté cet endroit. Le pont et l'étang sont encore là, mais sa concubine est partie. Il pleure sa mort et perd le goût de vivre. Tous les soirs, Tang Minghuang s'endort avec l'étui à épingles à cheveux de Yang Guifei, un gage d'amour, entre ses mains, et tous les matins il se réveille les larmes aux yeux. Son amante lui manque infiniment, et il espère être réuni avec elle dans sa prochaine vie.
À la demande de Tang Minghuang, un taoïste cherche l'esprit de Yang Guifei et rapporte des nouvelles de celle-ci. Il dit à Tang Minghuang que sa bien-aimée est maintenant au ciel et qu'il lui manque beaucoup. Le taoïste récite aussi le serment que seuls l'empereur et Yang Guifei connaissent pour prouver qu'il a rencontré cette dernière. Avec l'aide du taoïste, Tang Minghuang réussit enfin à joindre sa bien-aimée et à avoir une conversation inoubliable avec elle au ciel. Quand Yang Guifei voit l'empereur, elle donne libre cours à son amour, et elle dit à Tang Minghuang qu'elle l'attendra au ciel jusqu'à ce qu'il puisse la joindre pour toujours.
(Pour d'autres versions de cette histoire, voir Le chant de l'éternel regret : l'histoire de l'empereur de la dynastie des Tang et Les ébats de la beauté dans cette collection.)