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Un gouvernement responsable

Galerie 2 : Le Canada colonial ⟶ La création d’un pays ⟶ Un gouvernement responsable

Chaque colonie de peuplement de l’Amérique du Nord britannique acquiert l’autonomie gouvernementale au sein de l’Empire britannique.

Menées par des radicaux et des réformistes, des luttes de longue haleine rendent les gouvernements coloniaux responsables devant leur électorat plutôt que devant le Parlement britannique. Ces victoires modifient profondément la vie de la population de l’Amérique du Nord britannique, en plus de créer un précédent pour les autres colonies de peuplement britanniques.

Un empire en mutation

Dès son accession au trône en 1837, la reine Victoria règne sur un empire qui change rapidement. L’industrialisation et le développement commercial érodent les liens économiques entre la Grande-Bretagne et ses colonies.

Dans l’ancien système commercial impérial, les colonies britanniques représentaient des sources capitales de matières premières et des marchés privilégiés pour les produits manufacturés. Dans les années 1840, la Grande-Bretagne abolit ce système au profit d’une libéralisation des échanges. Cet assouplissement des liens permet aux colonies de l’Amérique du Nord britannique d’acquérir une plus grande autonomie au sein de l’Empire.

 


Les rébellions

Avant l’instauration de la responsabilité ministérielle, les Tories, des membres de l’élite conservatrice locale nommés par la Couronne, monopolisent le pouvoir politique dans les colonies. Les mouvements réformistes réclament plus de pouvoir pour des représentants élus du peuple.

Dans les colonies des Maritimes, le pouvoir passe paisiblement des dirigeants nommés aux politiciens élus. Au Bas et au Haut-Canada, les tentatives de réformer le système mènent à des rébellions armées en 1837 et en 1838. Les forces du gouvernement écrasent les soulèvements et imposent des représailles sévères : 1500 personnes sont arrêtées, 250 sont déportées et 50 sont pendues.

Des témoins des affrontements

Ces objets rappellent la défense de Saint-Eustache par les rebelles du Bas-Canada en 1837 et l’échec d’une invasion de sympathisants rebelles américains à la bataille du Moulin-à-Vent, au Haut-Canada, en 1838.

Pour tuer le temps

Détenus en attendant leur procès au Haut-Canada, les rebelles Luther Elton et William Reid sculptent ces boîtes-souvenirs dont les inscriptions dénoncent la tyrannie et l’injustice.


Lord Durham et l’union

En 1838, le gouvernement britannique envoie lord Durham enquêter sur l’origine des rébellions. Ce dernier soumet deux recommandations : accorder une plus grande autonomie gouvernementale et unir les deux colonies pour assimiler les Canadiens français qu’il considère comme « un peuple sans histoire et sans littérature ».

La Couronne rejette la première recommandation, mais souscrit à la seconde. En vertu de l’Acte d’Union de 1840, le Haut et le Bas-Canada sont unis. Il n’y a plus qu’une Province du Canada et l’anglais est la seule langue officielle de son Assemblée législative.

À la frontière

Installée au début des années 1860, cette borne frontière, sur laquelle sont inscrits les anciens noms « Lower Canada » (Bas-Canada) et « Upper Canada » (Haut-Canada), témoigne des vieilles divisions qui persistent au sein de la Province du Canada.

« Aucun remède permanent et efficace ne peut être imaginé contre les désordres du Bas-Canada, sans la fusion de son gouvernement avec celui d’une ou de plusieurs provinces environnantes. »
Lord Durham, gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique, 1839


Vers un gouvernement responsable

Les deux rébellions ratées discréditent les radicaux qui voulaient modifier le système politique par la force. Dans le but d’obtenir la responsabilité ministérielle – le principe selon lequel le gouvernement doit jouir de la confiance de la majorité des élus –, les réformistes canadiens s’activent encore au sein du système parlementaire.

Les Tories s’opposent au gouvernement responsable qu’ils considèrent déloyal et antibritannique. Les réformistes soutiennent que le principe est respecté depuis longtemps en Grande-Bretagne. Les réformistes torontois John Henry Dunn et Isaac Buchanan mettent ce fait bien en évidence sur des bannières affichant la couronne impériale et un slogan probritannique.

« Je n’hésite pas à dire que je suis en faveur de ce principe anglais de gouvernement responsable… Les colons doivent avoir la conduite de leurs propres affaires. Ils doivent diriger tous leurs efforts dans ce but; et pour y parvenir, il faut que l’administration coloniale soit formée et dirigée par et avec la majorité des Représentants du peuple. »
Louis-Hippolyte La Fontaine, réformateur politique, 1840


Une alliance stratégique

L’Acte d’Union réunit les réformistes francophones et anglophones dans une seule assemblée élue. Malgré leurs différences linguistiques et culturelles, Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin unissent leurs forces pour réaliser le gouvernement responsable. Cette alliance des partis réformistes obtient une solide majorité à l’élection de 1848.

En raison de nouvelles priorités, le Parlement de Londres se montre davantage ouvert en ce qui concerne la réforme dans les colonies. Conformément au mandat que les Britanniques lui ont confié, le gouverneur général lord Elgin invite La Fontaine et Baldwin à former un gouvernement : le premier gouvernement responsable au Canada-Uni.

 


Un projet de loi controversé

Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin utilisent sans délai la responsabilité ministérielle pour redonner au français le statut de langue officielle. En 1849, ils font adopter un projet de loi qui vise à indemniser toute personne, loyaliste ou rebelle, ayant subi des pertes lors des rébellions.

Les Tories qualifient le projet de loi de prime pour trahison et demandent au gouverneur général lord Elgin d’y opposer son veto. Mais lord Elgin le ratifie conformément au principe de la responsabilité ministérielle. La réaction est violente et une foule conservatrice furieuse bombarde de pierres sa voiture, puis saccage et incendie le parlement de Montréal.

Non au changement!

Comme le montre cette caricature, nombre de Tories croient que la responsabilité ministérielle a donné des moyens à un électorat immature et irresponsable.

Sauvée des flammes

Le conseiller législatif Joseph Bourret a utilisé cette boîte à documents pour transporter des documents vers la Chambre haute du Parlement dans les années 1840 et 1850.


Sur le terrain

Dotés de nouveaux pouvoirs, les politiciens élus forment des gouvernements qui jouent un rôle de premier plan dans le quotidien de la population. Les assemblées législatives des colonies adoptent des lois qui établissent des systèmes scolaires publics. Elles réorganisent les gouvernements municipaux, font construire des prisons et des asiles, créent des corps policiers et étendent les droits de vote. Davantage d’hommes, notamment les propriétaires afro-canadiens, peuvent désormais voter. Mais ce n’est toujours pas le cas des femmes, des hommes démunis et des Autochtones.

La responsabilité ministérielle en Amérique du Nord britannique

Carte

Année de l’établissement d’un gouvernement responsable
Canadian Geographic

 

Les premiers premiers ministres

Portraits de quatre hommes

1) Portrait de James Boyle Uniacke, premier ministre de la Nouvelle-Écosse
Artiste inconnu, 1848
Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse

2) Portrait de George Coles, premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard
Artiste inconnu, 1851
Prince Edward Island Public Archives and Records Office, 2755/120

3) Portrait de Charles Fisher, premier ministre du Nouveau-Brunswick
William James Topley, 1868
Bibliothèque et Archives Canada, PA-025342

4) Portrait de Philip Little, premier ministre de Terre-Neuve
Artiste inconnu, vers 1855
Bibliothèque et Archives Canada, AMICUS 14756335


Photo au haut de la page :
Pierres lancées à lord Elgin le 30 avril 1849, ramassées et étiquetées par lady Elgin
Montréal (Canada-Uni)
MCH, 2008.118.3-4