En juin 2025, le gouvernement fédéral a présenté le projet de loi sur l’unité de l’économie canadienne. Cette législation est d’une grande portée, mais un mot utilisé par le premier ministre Mark Carney pour la décrire a retenu l’attention.
Superpuissance.
En « accélérant les projets de construction nationale », a déclaré le premier ministre, le Canada devrait avoir pour objectif de devenir une « superpuissance énergétique ». Il a décrit cette période de l’histoire comme un « moment charnière » que le gouvernement entend aborder avec « urgence et détermination » afin de protéger la souveraineté canadienne.
Les remarques du premier ministre font écho au discours public actuel. Cette annonce survient après des mois d’agitation publique et d’inquiétude au sujet des relations entre le Canada et les États-Unis. La population canadienne s’inquiète de vive voix des conséquences économiques des droits de douane soudains et changeants, sans parler des fréquentes réflexions publiques du président américain Donald Trump quant à l’annexion du Canada.
L’année dernière, à la même période, l’annexion, les droits de douane, les initiatives « achetez canadien » et les teeshirts « Coudes en l’air » ne faisaient pas partie du quotidien de la culture populaire. En cette fête du Canada, cependant, l’idée même du Canada – sa définition et la défense de son identité – est au cœur de nos préoccupations.
En tant que musée national d’histoire du Canada, nous avons une perspective unique sur ce changement.

Philip Kim, connu sous le nom de B-Boy Phil Wizard, participe à la remise des médailles après avoir gagné la médaille d’or en breaking aux Jeux olympiques d’été de 2024.
Associated Press
L’un des superpouvoirs du Canada est sa capacité d’adaptation. Le Canada, de la façon qu’il est défini géographiquement, par la citoyenneté qu’il propose, et même dans sa constitution, n’est pas le même pays aujourd’hui qu’il l’était en 1867. Ses frontières se sont considérablement élargies. Il en va de même du concept de citoyenneté canadienne et de qui peut participer à la vie publique.
Plus encore, nous tenons des conversations juridiques et culturelles robustes et complexes sur le concept de la nation ― certaines personnes, y compris des Autochtones et des souverainistes, se considérant comme membres de nations distinctes du Canada.

Le mouvement Black Lives Matter a organisé de nombreuses manifestations partout au Canada en 2020 pour attirer l’attention du public sur la discrimination raciale constante.
Musée canadien de l’histoire, 2021.57
L’histoire de l’après-guerre, et même celle de la dernière décennie, nous rappelle sans cesse que le Canada et l’identité canadienne peuvent et doivent être constamment réévalués. L’éventail des collections que le Musée canadien de l’histoire a entrepris depuis 2015 en témoigne. Les objets acquis pour la collection nationale du Musée documentent des évènements et des voix de première importance, notamment Black Lives Matter, Idle No More, les expériences des personnes réfugiées syriennes, les marches de protestation des femmes et même les mouvements antivaccination. D’autres objets, comme l’uniforme porté par Phil Kim lorsqu’il a remporté la médaille d’or de breakdance aux Jeux olympiques de 2024 ou les bannières du concert d’adieu de 2016 du groupe Tragically Hip, représentent également des moments de célébration rassembleuse et de réflexion culturelle.
Cette démocratie sociale diversifiée, dotée d’une charte des droits enviable, ne s’est cependant pas créée toute seule. Des choix ont été faits. Les gens se sont battus pour obtenir ce qu’ils voulaient, ce dont ils avaient besoin et ce qu’ils méritaient. Bon nombre se battent encore, et l’histoire nous aide à nous en rendre compte. Connaitre notre histoire peut nous aider à identifier les valeurs que nous considérons comme canadiennes et à faire avancer le projet collectif du Canada. Nous devons comprendre d’où nous venons pour pouvoir imaginer notre avenir.

Des admirateurs signent une grande bannière en l’honneur de Gord Downie, chanteur du groupe The Tragically Hip, après sa mort le 17 octobre 2017.
Lars Hagberg / La Presse canadienne
C’est dans cet esprit, et sous l’inspiration du moment, que nous avons décidé de lancer une nouvelle initiative. Les superpouvoirs du Canada est une série qui replace l’actualité dans son contexte historique et qui vous invite à réfléchir aux notions de la culture, des frontières et des identités. Elle prendra la forme d’articles et de vidéos, ici et sur les médias sociaux. Ces articles et ces vidéos vous seront présentés par des spécialistes du Musée dont le travail consiste à bâtir notre collection nationale et à raconter l’histoire du Canada au fur et à mesure qu’elle s’écrit.
Nous lèverons le rideau sur ce que nous faisons en tant que musée. Notre objectif est de vous aider à découvrir notre pays en plein changement grâce à nos collections et points de vue uniques.
Qu’est-ce que ça signifie d’être Canadien ou Canadienne en 2025? Comme toujours, c’est aux gens eux-mêmes de le décider. Et alors que vous ferez ce choix, nous aurons peut-être un ou deux points de vue qui vous aideront à trouver votre place dans ce moment d’histoire.
L’un des superpouvoirs du Canada est sa capacité d’adaptation. Le Canada, de la façon qu’il est défini géographiquement, par la citoyenneté qu’il propose, et même dans sa constitution, n’est pas le même pays aujourd’hui qu’il l’était en 1867.

Jenny Ellison
Jenny Ellison est gestionnaire, Stratégie d’engagement numérique et Publications au Musée canadien de l'histoire et au Musée canadien de la guerre.
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