Ethnomusicologue et conservatrice, Musique et Arts de la scène, au Musée canadien de l’histoire
1. Vous êtes la conservatrice de l’exposition Rétro – La musique populaire au Canada dans les années 1960, 1970 et 1980. D’où est venue l’idée de cette exposition?
L’idée de mettre sur pied une exposition sur la musique populaire au Canada faisait déjà l’objet de discussions à mon arrivée au Musée en 2011, mais de nombreuses choses ont inspiré sa forme. Nous voulions explorer la musique populaire en tant que phénomène culturel : pas seulement comme le reflet de ce qui se passe dans le monde, mais aussi comme un acteur dynamique dans ce monde.
Une période de l’histoire contemporaine comme celle des années 1960, 1970 et 1980 est particulièrement riche pour ce type d’examen. En parcourant mes premiers carnets de notes, des mots comme « rupture », « espoir », « créativité » et « critique » ressortaient de manière marquée. Ces concepts reviennent continuellement dans la musique de cette période et résonnent encore aujourd’hui.
2. Selon vous, quel rôle la musique joue-t-elle pour façonner la mémoire collective? Et comment l’exposition montre-t-elle ce lien?
La musique est une forme de narration qui nous aide à donner un sens au monde qui nous entoure. Elle peut exprimer des choses qui sont difficiles à communiquer uniquement par la parole et créer des espaces d’auto-expression qui sont à la fois personnels et une partie de quelque chose de plus gros.
Dans l’exposition, nous présentons des objets chargés d’histoire qui nous rapprochent de chansons, d’artistes et de moments particuliers qui nous permettent d’apprendre quelque chose de nouveau ou d’approfondir notre compréhension de concepts familiers.

Judith Klassen
3. Selon vous, qu’est-ce que la musique populaire révèle à propos de l’histoire culturelle du Canada? Pourquoi est-ce important?
La musique populaire, par définition, est quelque chose qui touche les expériences de nombreuses personnes. Dans certains cas, elle est le reflet de ce qui se produit dans des sphères plus vastes et nous ramène à des enjeux, des idées et des expériences qui caractérisent une époque particulière. Mais la musique est aussi plus que ça. Elle ne fait pas que refléter la culture; elle est la culture. La musique populaire devient le récit vivant d’une société; elle façonne les identités autant qu’elle les reflète.
4. Merci d’avoir exprimé votre point de vue. Nous ne pouvons pas passer à côté de la question suivante : quand votre intérêt pour la musique est-il né?
J’ai grandi au sein d’une famille où la musique faisait partie intégrante de la vie quotidienne. Cours de piano et de violons, chorales, heures de chant en famille… la musique a toujours été un élément constitutif de notre famille et de notre communauté. J’ai étudié le violon alto à l’université et j’ai joué avec divers groupes de musique expérimentale et rock. Le fait de s’immerger dans les sons, de sentir les vibrations d’un instrument sur notre clavicule, d’échanger des idées sans avoir recours à des mots… tout ça peut vraiment être bouleversant et nous prendre par surprise.