Gravé dans la pierre - une tournée architecturale du Musée canadien des civilisations

VISITE COMPLÈTE

Le processus de conception -
LA COLLECTE DE RENSEIGNEMENTS

Le jour fixé pour la présentation des projets des architectes, le Groupe d'étude sur les nouveaux locaux achevait la première phase de ses travaux. En collaboration avec les Services d'architecture des Musées nationaux, le MCC publiait la première version d'un programme d'architecture. Celui-ci définissait :

  • le mandat, les objectifs, l'histoire, les fonctions, le public et la structure organisationnelle du Musée;
  • le projet immobilier;
  • l'utilisation du terrain (accès, sécurité et aménagement paysager);
  • les exigences générales en matière de construction (par exemple, image, fonctionnalité, circulation, conservation, sécurité);
  • et, sommairement, chacune des principales aires de l'édifice, en précisant leurs fonctions, les dimensions à respecter et les locaux qui devaient être adjacents.
Le programme d'architecture, deuxième version.
© Musée canadien des civilisations, D2004-18590, CD2004-1377
Programme d'architecture - D2004-18590, CD2004-1377

Le document était rédigé en grande partie par des experts du MCC en collaboration avec le groupe d'étude. Celui-ci se divisa en deux sous-groupes : le groupe des programmes publics et le groupe de la conservation et des services, dont relevaient douze équipes chargées des questions suivantes :

  • éducation et interprétation;
  • commodités pour les visiteurs;
  • salles nécessaires;
  • thèmes à exploiter;
  • sécurité et protection contre les incendies;
  • conservation;
  • réserves;
  • réserves ouvertes;
  • bureaux et locaux de travail;
  • entretien et exploitation de l'immeuble;
  • centre de documentation;
  • et techniques de pointe.

Afin d'avoir une idée des attentes de la communauté muséale à l'égard du nouveau musée, le groupe d'étude distribua en juillet 1982 quelque 1 400 questionnaires et guides du musée, au Comité consultatif, au Conseil d'administration, à l'Association des musées canadiens et à d'autres intéressés. En octobre 1983, le programme d'architecture était redéfini dans une deuxième version en quatre gros volumes de plus de 1 200 pages. Ceux-ci expliquaient plus en détail les exigences en matière de locaux, de conservation, de sécurité et de systèmes de communication. Ils présentaient en outre un profil des visiteurs.

Mais la réalisation d'un grand musée est une entreprise complexe et exigeante. Il ne s'agit pas simplement de définir un programme, puis d'exécuter les dessins et de construire l'édifice. Dans le cas du MCC, ce fut dans une large mesure un processus interactif. Pour Cardinal, il était primordial qu'un dialogue suivi s'engage entre les architectes et le personnel du Musée. Le personnel du MCC définissait d'abord un canevas (le programme d'architecture) à partir duquel l'architecte réalisait un modèle et des plans. Ceux-ci étaient ensuite soumis à l'analyse et à la critique du MCC. Après quoi ils étaient révisés puis soumis à un nouvel examen, et ainsi de suite.

Douglas Cardinal démontre son imprimante - © Douglas J. Cardinal Architect Ltd.
Douglas Cardinal (à gauche) démontre son imprimante de plan du site à Jean Boggs, directrice générale de la Société de construction des musées du Canada, Francis Fox, ministre des Communications, Léo Dorais, secrétaire général des Musées nationaux du Canada et George MacDonald, directeur du MCC.
© Douglas J. Cardinal Architect Ltd.

Les deux parties tiraient profit de ces échanges. Le personnel du Musée et les architectes apprenaient à exprimer et à voir les choses dans la même perspective, et ainsi, à mieux définir les besoins. Ce dialogue, en fait, faisait partie intégrante de la démarche professionnelle de Cardinal : il permettait à des personnes qui connaissaient bien les musées « de l'intérieur » d'exprimer leurs points de vue en détail et d'orienter ainsi le travail créateur de l'architecte. C'est ainsi que les premières ébauches du projet - celles de l'architecte et celles du personnel du MCC - ont naturellement évolué dans le sens d'une meilleure adaptation au milieu.

C'est encore là une description assez simple. Le nombre de parties intéressées peut donner une idée de la complexité du projet:

  • En premier lieu viennent les architectes et le personnel du MCC. Malgré certains désaccords compréhensibles vu la complexité du projet, les deux groupes se sont toujours efforcés de comprendre leurs points de vue respectifs et ont entretenu des relations en général harmonieuses.
  • D'autres composantes des Musées nationaux - en particulier les Services d'architecture, les Services de sécurité et l'Institut canadien de conservation - ont contribué au programme d'architecture.
  • La GRC a été consultée sur les questions de sécurité et le Commissaire fédéral des incendies ainsi que des experts provinciaux et municipaux ont aidé à définir la protection nécessaire.
  • Travaux publics Canada a fourni des renseignements techniques concernant l'entretien de l'immeuble et les dimensions des locaux, tandis que la Commission de la capitale nationale a précisé les critères à respecter pour que l'édifice soit conforme aux objectifs fédéraux relatifs à l'aménagement du « cœur » de la Capitale nationale.
  • De nombreux consultants ont apporté leur aide dans les domaines suivants : normes de construction mécanique, plans des laboratoires, éclairage, transports verticaux, aménagement paysager, acoustique, etc. L'industrie a également été consultée au sujet de certains produits tels que les étagères mobiles à grande capacité et les niveleurs de quais.
  • Enfin, la Société de construction des musées du Canada coordonnait l'ensemble des travaux.

Le personnel du MCC a poussé encore plus loin ses recherches en visitant (ou en consultant par téléphone ou par lettre) d'autres musées et organismes culturels, récréatifs et éducatifs du Canada et de l'étranger. Le MCC ne s'inspire d'aucun établissement en particulier. Il réunit plutôt des caractéristiques empruntées à divers établissements de façon progressive. Parmi les influences les plus anciennes, citons :

  • l'orientation régionale du Musée d'anthropologie de Mexico et l'importance qu'il accorde à la culture autochtone;
  • la participation d'Autochtones aux programmes du Musée d'anthropologie de l'université de la Colombie-Britannique;
  • les musées pour enfants de Boston et d'Indianapolis;
  • les remarquables techniques d'exposition du British Columbia Provincial Museum et certains éléments du Museum of American History (Smithsonian Institution);
  • le programme de renouvellement des expositions du British Museum;
  • les reconstitutions environnementales de ce dernier musée et celles du York Castle Museum, du Milwaukee Public Museum et, en général, des musées en plein air;
  • les expositions interactives sur les sciences, notamment à l'Exploratorium de San Francisco;
  • les fascinantes utilisations de l'espace dans des musées de Santa Barbara, de Nagoya et d'Otami (Japon), et l'application générale de la nouvelle technologie dans de grands musées du Japon;
  • les techniques innovatrices utilisées dans des centres culturels comme le parc de la Villette, et le Centre Pompidou en France, à Expo 85 et Expo 86, et au Centre Epcot.

À partir de ces éléments, le MCC voulu réaliser une synthèse, un modèle nouveau particulier à l'expérience canadienne et conçu pour un public très varié.

Casa Mila - © George F. MacDonaldCasa Mila - © George F. MacDonald
Les propres influences de M. Cardinal comprennent le travail visionnaire de l'architecte moderniste Antoni Gaudi. M. Cardinal a eu l'occasion de voir directement les œuvres du début du XXe siècle de cet architecte à Barcelone, grâce au Groupe d'étude sur les nouveaux locaux. Les terrasses courbées du pavillon administratif évoquent les formes de la Casa Mila de Gaudi.
© George F. MacDonald


Précédent Suivant