Nous voulions tout inclure! Dans les coulisses de l’exposition « De Pépinot à La Pat’ PatrouilleMD – Notre enfance télévisuelle »

Claire Champ, Olivier Côté, Carolyn Lecorre

Au cours des dernières années, pour l’équipe qui a conçu l’exposition « De Pépinot à La Pat’PatrouilleMD – Notre enfance télévisuelle », la bonne nouvelle (qui en est aussi une mauvaise!), c’était que le sujet de l’histoire de la télévision canadienne pour enfants était beaucoup plus vaste que ce qu’elle aurait pu imaginer.

L’un des objectifs de l’équipe était de créer une expérience complète retraçant les 70 ans d’une histoire riche et diversifiée de la télévision canadienne pour enfants pour le public du Musée canadien de l’histoire. La liste des émissions potentielles s’est rapidement remplie, tant il y avait de programmes créés d’un bout à l’autre du pays à considérer. Sur des milliers de possibilités, nous avons réussi à intégrer des artéfacts de 35 émissions et des extraits vidéos de près de 100 émissions.

Nous voulions que l’exposition permette aux gens qui la visitent de renouer avec les programmes favoris de leur enfance et de découvrir des émissions merveilleuses qui n’étaient pas de leur génération ou qui ne faisaient pas partie de leur culture d’origine, ou encore qui n’étaient pas dans leur langue. Compte tenu de la richesse du sujet, nous avons dû nous concentrer sur les émissions dont la popularité était indiscutable et qui avaient été conçues pour un public national, francophone ou anglophone, et pour les communautés autochtones.

 De Pépinot à La Pat’PatrouilleMD – Notre enfance télévisuelle

De Pépinot à La Pat’PatrouilleMD  – Notre enfance télévisuelle, photo par Janet Kimber

Prendre soin de trésors précaires

L’un des défis importants qui sont apparus au cours du développement du projet était le caractère éphémère du patrimoine culturel populaire. Peu d’artéfacts télévisuels ont été préservés. Et pourtant nos collègues de l’équipe de conservation du Musée ont traité les objets des programmes favoris de notre enfance avec autant de soin que pour d’autres trésors nationaux.

1) Brenna Cook, restauratrice de textiles du Musée, examine le filet en polyester endommagé sur la tête de Polkaroo pour déterminer s’il doit être traité. 2) Jennifer Ann Mills, restauratrice d’objets du Musée, applique un traitement pour aider à préserver les murs extérieurs de la cabane de Mr. Dressup. 3) Emily Lin, restauratrice d’objets du Musée, et Rebecca Latourell, technicienne en conservation préventive, prélèvent des échantillons sur une marionnette de la collection du Musée. Une fois les échantillons analysés, les traitements les plus indiqués sont définis.

1) Brenna Cook, restauratrice de textiles du Musée, examine le filet en polyester endommagé sur la tête de Polkaroo pour déterminer s’il doit être traité. 2) Jennifer Ann Mills, restauratrice d’objets du Musée, applique un traitement pour aider à préserver les murs extérieurs de la cabane de Mr. Dressup. 3) Emily Lin, restauratrice d’objets du Musée, et Rebecca Latourell, technicienne en conservation préventive, prélèvent des échantillons sur une marionnette de la collection du Musée. Une fois les échantillons analysés, les traitements les plus indiqués sont définis.

Une culture éphémère

Les marionnettes, les costumes et les décors des productions télévisées sont conçus pour une utilisation lors des tournages et peuvent ne pas avoir été conservés pour la postérité comme objets du patrimoine culturel. Par exemple, nous espérons retrouver un jour Ciboulette, la grisonnante chatte astucieuse et affectueuse de Félix et Ciboulette.

De même, les copies physiques et numériques des enregistrements originaux des émissions pourraient ne pas avoir été archivées. Par le passé, les couteuses bobines de film étaient souvent réutilisées. Le Musée préserve, dans la collection nationale, sept marionnettes de Planet Tolex (émission réalisée en 1953-1954 par CBC Toronto), un très ancien programme de science-fiction pour enfants dont aucune séquence originale ne semble avoir été conservée. Les marionnettes sont fantastiques et on ne peut qu’imaginer le monde fantastique et les aventures des habitants de Tolex, une planète cachée derrière le Soleil. Si des personnes disposent de plus de renseignements à ce sujet, qu’elles n’hésitent pas à se manifester!

Ver, marionnette à tiges, Musée canadien de l’histoire, 94-1142, Création : Dora et Leo Velleman Créature de l’espace, marionnette à gaine, Musée canadien de l’histoire, 94-1908, CD1997-0229-095, Création : Dora et Leo Velleman

1) Ver, marionnette à tiges, Musée canadien de l’histoire, 94-1142, Création : Dora et Leo Velleman
2) Créature de l’espace, marionnette à gaine, Musée canadien de l’histoire, 94-1908, CD1997-0229-095, Création : Dora et Leo Velleman

Pearl van Oyster, marionnette à gueule, Musée canadien de l’histoire, 94-1098 a-b, IMG2008-0014-076 Création : Barry Rosenberg

Pearl van Oyster, marionnette à gueule, Musée canadien de l’histoire, 94-1098 a-b, IMG2008-0014-076
Création : Barry Rosenberg

Le professionnalisme d’abord

De plus, nous devons admettre que beaucoup d’entre nous avaient des préférences personnelles que nous souhaitions mettre en valeur. Il y a eu tellement d’émissions charmantes, mais qui ont été éphémères ou dont la diffusion a été limitée.

Pour au moins une personne parmi nous, Madame Pearl van Oyster de The Waterville Gang (émission produite par CFTO-TV de CTV, 1972-1974) restera toujours, pour l’enfant qui sommeille en elle, le personnage le plus fantastique des années 1970. Nous n’avions toutefois pas de place pour ce personnage ou ses acolytes dans l’exposition, mais, heureusement, cette communauté aquatique est présente dans les collections du Musée.

Nous avons également dû limiter les attentes de nos proches qui voulaient savoir si des éléments mémorables de leur enfance allaient être pris en compte, tels que The Hilarious House of Frightenstein, la série culte d’une saison diffusée en 1971 sur CHCH-TV à Hamilton et mettant en vedette Vincent Price, ou encore Les voyages de Tortillard (également connu sous le nom de The Secret Railroad), avec les aventures animées d’un garçon qui trouve un train à vapeur magique dans le sous-sol de son immeuble (1980-1981).

Nous n’avons pu inclure aucune de ces émissions, non pas parce qu’elles n’étaient pas extraordinaires, mais parce qu’il y avait tellement de programmes de longue durée et de grande portée à mettre en valeur.

Tant de choses à raconter

Nous avons dû nous concentrer sur les émissions qui racontaient des histoires, qui enseignaient des choses aux enfants et qui les faisaient voyager dans des mondes imaginaires riches. Mais en réalité, il y aurait encore tellement d’autres genres à explorer :

  • Les jeux télévisés (Reach for the Top; nous avons inclus le costume du Capitaine Cosmos des Satellipopettes, mais pas les défis de ce jeu télévisé);
  • Les magazines d’information (Les Débrouillards, Street Cents; nous avons inclus les artistes qui animaient Razzle Dazzle et qui saluaient le public, mais pas les sujets documentaires de l’émission);
  • Les programmes de comédie à sketchs (Pop Citrouille, You Can’t Do That on Television!, Le Club des 100 watts, Dans une galaxie près de chez vous, Radio Enfer, Une grenade avec ça!)
  • Certaines merveilles régionales (oui, on pense à vous, The Uncle Bobby Show et Miss Helen).

Le thème de la télévision canadienne pour enfants dépasse largement le cadre d’une exposition; nous espérons vraiment que l’exposition et le catalogue inspireront d’autres personnes à faire des recherches sur notre culture populaire et notre patrimoine télévisuel, à les documenter et à les célébrer.

Nous avons conscience qu’un grand nombre d’admirateurs et d’admiratrices, de spécialistes et d’institutions s’intéressent aux riches contributions du Canada à la culture populaire, et que l’histoire de la musique, de la radio, de la télévision et d’autres nouvelles formes de médias suscitent un intérêt grandissant.

Toute personne organisant une exposition célébrant la culture populaire canadienne recevra nos accolades! Pour ce qui est de l’histoire de la télévision canadienne pour enfants en particulier, il y a encore tant de possibilités de conférences, d’entrevues, de documentaires, de beaux livres grand format, d’encyclopédies, de wikis et d’autres expositions.

Si vous visitez l’exposition, comme nous le souhaitons, nous espérons que vous retrouverez beaucoup de vos émissions favorites dans les extraits vidéos et dans les artéfacts exposés. Si l’exposition n’a pas abordé certains des programmes qui vous sont chers, sachez que, nous aussi, nous partageons votre passion pour les souvenirs d’enfance que procure la télévision.

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Claire Champ, Olivier Côté et Carolyn Lecorre font partie d’une équipe pluridisciplinaire qui a travaillé à la création de cette exposition.

Claire Champ, Olivier Côté et Carolyn Lecorre

Claire Champ, Olivier Côté et Carolyn Lecorre

Claire Champ est spécialiste du développement créatif au Musée canadien de l’histoire. Son travail porte sur la création d’expériences stimulantes pour le public dans les expositions.

Olivier Côté est le conservateur responsable des médias et des communications au Musée canadien de l’histoire. Historien de la télévision, il s’intéresse notamment aux émissions pour enfants. Pour l’exposition, il a travaillé à cibler les émissions incontournables. Il a fait la recherche préliminaire d’extraits, d’objets et d’images à présenter de l’exposition, en plus d’écrire la première mouture des textes de l’exposition.

Carolyn Lecorre est productrice médiatique au Musée canadien de l’histoire. Tournages, montage, réalisation, coordination et production sont autant d’expertises qu’elle a pu amener en participant à la création de cette exposition.