2ELGBTQIA+ Histoire et identités au Canada

De nombreuses célébrations de la Fierté remontent à 1969 à New York, lors d’une descente de police au Stonewall Inn, un bar gai. La réaction de la communauté s’est traduite par une émeute de quatre jours dans les rues de New York. Selon l’opinion populaire, c’est à ce moment-là que le mouvement de la Fierté a vu le jour.

Il est arrivé au Canada en 1971, lorsque des personnes queer ont organisé la première manifestation pour les droits des personnes gaies et lesbiennes sur la Colline du Parlement. Cette manifestation, intitulée « Nous exigeons », a été l’occasion pour les personnes queer au Canada de commencer à défendre leur programme politique. Le mouvement de la Fierté au Canada ne date donc pas de 1969, mais plutôt de 1971.

Les premières vraies célébrations de la Fierté, où on a employé le terme « fierté », ont commencé en 1973. Il s’agissait de célébrations très modestes qui comprenaient souvent un pique-nique et un rassemblement sur les îles de Toronto. Ces événements communautaires à petite échelle ont été conçus pour procurer le sentiment de communauté, d’appartenance chez les gens et leur donner un espace où ils pouvaient être eux-mêmes; chose très rare et difficile à trouver à l’époque. Les festivals de la Fierté au Canada dans les années 1970 et 1980 se déroulaient principalement dans les grands centres urbains. On en trouvait donc à Toronto, à Montréal, à Vancouver. Mais ailleurs, il a fallu attendre encore quelques décennies pour que les festivals de la Fierté prennent vraiment leur envol.

Dans ma ville natale de Burlington, en Ontario, je n’ai jamais vu de festival de la Fierté pendant que j’y vivais, et même dans les années 2000, il n’y avait pas de festival de la Fierté. La Fierté a connu de nombreux changements au cours de son histoire. Dans les années 1980 plus précisément, il y a eu une décision très controversée, soit d’autoriser les entreprises à commanditer les festivals de la Fierté avec de la bière, de l’alcool, des commandites. Ce fut une décision litigieuse. Et même aujourd’hui, nous en débattons encore.

Un autre changement a été l’inclusion des corps policiers dans les défilés. Dans les années 2000, à Toronto, la police a commencé à participer au défilé de la Fierté. Il s’agit là d’une autre décision controversée dont la communauté n’a cessé de débattre depuis lors. Les gens se demandent : « Oh, pourquoi ça vous tient tant à cœur de militer ? Pourquoi vous vous concentrez tellement sur la politique ? C’est juste une célébration. Venez à la fête. » Non, la fête, c’est la manifestation ! Il faut comprendre que l’histoire de la criminalisation de l’homophobie est un processus qui oblige les personnes queer à cacher ce qu’elles sont vraiment, à vivre dans un placard. C’est pourquoi le fait de pouvoir sortir dans la rue et faire la fête en portant ce que l’on veut, en étant avec qui l’on veut, est une protestation. On célèbre et donc l’existence même de cette célébration, le fait d’être à l’aise dans sa peau est une de protestation. Et c’est ce que signifie la fierté.

Il n’y a donc pas de séparation entre cette idée de protestation et de célébration. La célébration est la protestation, et c’est un élément fondamental de ce que nous faisons. La fierté est un acte de provocation à l’égard du pouvoir qui nous humilie, qui nous considère comme immoraux voire des pécheurs, des criminels. Nous nous opposons expressément à ce pouvoir simplement en montrant toutes nos couleurs et en s’amusant au maximum. C’est là le fondement de la notion de fierté et il n’y a pas de séparation entre les deux.