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2ELGBTQIA+ Histoire et identités au Canada

De soldat à plaignant

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J’ai excellé dans les cadets. J’ai vraiment adoré ça. Pour moi, c’était vraiment quelque chose pour lequel je me suis avéré doué et que je voulais continuer à faire. L’armée était donc une option évidente pour moi. J’avais l’intention de faire carrière dans l’armée et j’allais y passer un bon bout de temps. Mon frère a tout récemment terminé sa carrière dans l’armée, après une trentaine d’années de service. Je m’attendais à suivre ses traces.

Alors, c’était approximativement un an après mon entrée dans l’armée. Ça faisait environ trois ou quatre mois que j’étais sur le navire. Je suis rentré chez moi pour le Nouvel An. Puis, à mon retour, j’ai découvert que trois personnes avaient été convoquées et interrogées à mon sujet. On leur a dit à tous les trois qu’ils ne devaient pas m’en parler, mais les trois personnes sont venues chacune à leur tour m’en parler, et c’est à ce moment-là que j’ai su pour la première fois que je faisais l’objet d’une enquête. Il a fallu attendre quelques mois avant que l’unité d’enquête spéciale de la police militaire ne s’adresse à moi, et l’enquête a duré 18 mois.

L’une des raisons pour lesquelles l’enquête a duré si longtemps, c’est parce que je n’arrivais pas à m’admettre que j’étais gai. Je savais que j’étais gai, mais je faisais tout mon possible de ne pas l’afficher. C’était en quelque sorte mon objectif ultime. Et à l’époque où je vivais tout ça, j’allais à l’église à Victoria. Tu sais, surtout dans les années 1980, beaucoup de jeunes envisageaient une vie « normale », où ils se marieraient, auraient des enfants, vivant selon cette philosophie de prêcher par l’exemple, trouver le droit chemin par la prière (en anglais « to Pray the gay away »).

Finalement, on m’a demandé de passer un examen polygraphique, auquel je me suis soumis. Et pendant le test du polygraphe initial, on a passé en revue les questions au préalable, et le questionnaire comportait la question « Êtes-vous gai ? ». J’ai subi le test. Lorsque les enquêteurs m’ont posé cette question, j’ai répondu non. Je pense qu’à cause de mes nerfs à fleur de peau, les résultats du polygraphe ne sont pas sortis concluants; ce qui a renforcé davantage les soupçons. À ce moment-là, ça faisait presque six mois que l’enquête avait commencé. Je leur ai dit que je n’allais plus collaborer.

Lorsqu’on a de nouveau communiqué avec moi pour repasser le test polygraphique, j’ai accepté. À l’étape préliminaire de l’entrevue avant qu’on n’allume la caméra, on m’a posé les mêmes questions qu’auparavant, on m’a demandé si j’étais homosexuel. J’ai répondu par l’affirmative. Et presque instantanément, dès que j’ai dit oui, pour eux, l’affaire était classée. Mon aveu avait bouclé leur enquête.

Ça venait confirmer que je cachais quelque chose. Ils ont ensuite continué à examiner tous mes documents personnels. Je leur ai donné accès à mon appartement et à tout ce qui s’y trouvait. On m’est finalement revenu et on m’a dit : « Vous avez en votre possession une photo sur laquelle vous figurez et en arrière-plan… » Dans cette photo, j’étais accompagné de trois autres personnes. « …en arrière-plan de la photo, il y a une fréquence radio inscrite au mur. Ça va à l’encontre du protocole de sécurité. Nous allons donc probablement vous retirer votre cote de sécurité ou vous accorder une libération honorable. »

On n’a rien dit sur les autres personnes figurant sur la photo. Mais c’est essentiellement l’argument qu’on a invoqué comme excuse. J’ai donc été libéré sous le motif de « libération 5 d) – ne peut être employé avantageusement », c’est-à-dire la libération qu’on donnait aux personnes homosexuelles à l’époque.

Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire dorénavant. Je vivais encore cette homophobie intériorisée. J’étais horrifié par le fait que j’avais révélé mon homosexualité au gouvernement du Canada. Je ne voyais vraiment plus la voie à suivre.

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Comment l’expérience de Ross a-t-elle influencé son récent militantisme en faveur des ex-militaires 2ELGBTQIA+?


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Recherchez d’autres cas clés de la purge LGBT. Quelles sont les différences et les similitudes avec l’histoire de Ross?


Précisions

Date Octobre 2022
Origine de l’objet Maritimes
Matériaux
  • Film
Source / No de référence

Contexte historique

Choisissez parmi les trois niveaux suivants celui qui correspond à vos besoins.

  • Dans cette histoire orale, Todd Ross (il) décrit ses expériences au sein de l’armée et raconte comment il a été licencié en raison de son orientation sexuelle.
  • Comme des milliers d’autres personnes dans l’armée canadienne et la fonction publique pendant la « purge LGBT », Ross a été licencié en raison de son identité sexuelle.
  • Ross décrit ses expériences au sein de l’armée, ainsi que sa décision de mener le dépôt d’un recours collectif.

  • Dans cette histoire orale, Todd Ross (il) décrit ses expériences au sein de l’armée et raconte comment il a été licencié en raison de son orientation sexuelle.
  • Comme des milliers d’autres personnes dans l’armée canadienne et la fonction publique pendant la « purge LGBT », Ross a été licencié en raison de son identité sexuelle.
  • Ross décrit ses expériences au sein de l’armée, ainsi que sa décision de mener le dépôt d’un recours collectif.

Sommaire

  • Dans cette histoire orale, Todd Ross (il) décrit ses expériences au sein de l’armée et raconte comment il a été licencié en raison de son orientation sexuelle.
  • Comme des milliers d’autres personnes dans l’armée canadienne et la fonction publique pendant la « purge LGBT », Ross a été licencié en raison de son identité sexuelle.
  • Ross décrit ses expériences au sein de l’armée, ainsi que sa décision de mener le dépôt d’un recours collectif.

Éléments essentiels

Dans cette histoire orale, Todd Ross (il) décrit ses expériences au sein de l’armée et raconte comment il a été licencié en raison de son orientation sexuelle.

Todd Ross pensait vivre son rêve lorsqu’il a été affecté au NCSM Saskatchewan de la Marine canadienne au début des années 1990. Ce rêve s’est toutefois transformé en cauchemar lorsqu’il a été contraint de choisir entre son identité naissante de Métis homosexuel et bispirituel, et son sentiment d’appartenance aux Forces canadiennes.

Ross a été victime de la « purge LGBT » au sein de l’armée et de la fonction publique canadiennes, qui a duré des années 1950 jusqu’au début des années 1990.

Ross a ensuite été l’une des principales figures plaignantes dans un recours collectif au nom des personnes touchées par la purge.


Description exhaustive

Dans cette histoire orale, Todd Ross (il) décrit ses expériences au sein de l’armée et raconte comment il a été licencié en raison de son orientation sexuelle.

Dans sa jeunesse, Todd Ross aspirait à s’engager dans l’armée, inspiré en partie par son expérience au sein des Cadets. Cependant, son enrôlement dans les Forces armées canadiennes a rapidement remis en question son identité et son sentiment d’appartenance.

Au début des années 1990, lorsqu’il s’est engagé dans la marine canadienne et a servi sur le NCSM Saskatchewan, il se questionnait encore sur son identité de Métis homosexuel et bispirituel. Soupçonnant son orientation sexuelle, la police militaire a interrogé Ross et l’a contraint à se soumettre à de nombreux tests de détection de mensonges.

C’est au cours de ces interrogatoires que Ross a fini par révéler son homosexualité. Par la suite, il a été contraint à un « licenciement honorable », car il n’était « pas avantageusement employable ».

L’histoire de Ross est semblable à celle de milliers de personnes au Canada qui ont été victimes de la « purge LGBT » au sein de l’armée et de la fonction publique canadiennes entre les années 1950 et le début des années 1990. Celles-ci ont été harcelées, interrogées et souvent licenciées.


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