Les arts et les techniques des Haïdas
Les arts et les techniques des Haïdas
Les arts et les techniques des peuple haïda sont étroitement et profondément liés aux traditions orales et aux ressources de Haida Gwaii. Pendant des millénaires, les artistes, les artisanes et les artisans haïdas ont créé des œuvres qui sont à la fois utiles et belles, avec des matériaux trouvés dans leur région ou obtenus auprès de nations voisines. La présente trousse examine des exemples de l’art et des techniques de la nation haïda, y compris la confection de boîtes de bois cintré, d’objets tissés et de sculptures en argilite et en argent, afin de mettre en relief l’innovation continue des artistes haïdas et les normes d’excellence qu’elles et qu’ils s’imposent.
Dans cette trousse, vous rencontrerez de nombreux mots et termes haïdas pour désigner des objets, des techniques et des médias importants. Il existe actuellement trois dialectes haïdas : X̱aad Kil (Old Massett), X̱aayda Kil (Skidegate) et X̱aad Kil (Alaska). Ce document contient du Xaad Kil, originaire de Haida Gwaii du nord (Old Massett) et du Xaayda Kil, originaire de Haida Gwaii du sud (Skidegate). Nous avons utilisé le dialecte approprié en fonction de la provenance de l’objet. Vous trouverez l’équivalent français entre parenthèses. Cette inclusion vise à montrer le yahgudang/yahguudang (respect) de la langue et des dialectes haïdas. Il est important de noter qu’il n’existe pas de mot pour « art » dans la langue haïda. L’idée de « l’art pour l’art » est un concept européen. Ce que l’on appelle l’art haïda est lié à la technologie et à la langue de ce peuple. L’apprentissage de l’art nous permet également de mieux comprendre la culture et la langue. Pour en savoir plus, consultez ces lexiques: Lexique Xaad Kil et Lexique Xaayda Kil
S’appuyant sur les œuvres haïdas conservées au Musée canadien de l’histoire, cette trousse se concentre sur les éléments de conception et les techniques novatrices utilisés par les sculpteurs et sculptrices, les peintres et les tisserandes et tisserands haïdas. Par exemple, nous apprendrons à reconnaître et à apprécier les « lignes figuratives », c’est-à-dire les lignes de contour prononcées allant en grossissant et en s’amincissant que l’on trouve dans les œuvres en 2D et certaines œuvres en 3D. Ces lignes figurent parmi les éléments les plus caractéristiques de l’art du Nord de la côte du Nord-Ouest.
Depuis longtemps, des réseaux commerciaux ont relié entre elles les communautés autochtones de la côte du Nord-Ouest du Canada, ce qui a facilité l’échange d’idées, de techniques et de matériaux artistiques. Les œuvres que nous étudions dans la trousse ont été créées par des artistes haïdas, mais des aspects de leur style et de leurs fonctions sont semblables aux créations artistiques et aux matériaux d’autres communautés autochtones de la côte du Nord-Ouest. Le commerce et les échanges demeurent essentiels au développement et à l’innovation des traditions artistiques de la côte, comme c’est le cas ailleurs dans le monde.
Les œuvres artistiques des Haïdas ont été prisées en tant que biens commerciaux par les Européennes et Européens depuis leurs premiers contacts avec ce peuple, à la fin du 18e siècle, et en tant que souvenirs, au 19e et au 20e siècle. Selon les objectifs du collectionneur ou de la collectionneuse, que ce soit dans le cadre d’un passetemps ou d’un travail, les noms des artisanes et des artisans n’ont pas toujours été consignés. Du point de vue des Haïdas, une grande partie de cette « collecte » a été effectuée sous la contrainte, au sein de communautés dévastées par les politiques et pratiques coloniales. Pour certaines et certains, les types d’objets étaient plus importants que les artistes qui les avaient faits. Les politiques de collection actuelles reconnaissent l’importance de déterminer la personne à l’origine de chacun des objets d’art et leur utilisation.
Si les échanges avec les Européennes et Européens ont permis aux Haïdas de faire connaitre leur art au monde, ils ont aussi entrainé le retrait de biens familiaux et culturels des foyers haïdas et des communautés. Comme ces articles représentent chacun une composition complexe et stratifiée de culture, de fonction sociale, de droit et de gouvernance, leur signification et leur contexte d’utilisation ont souvent été déformés par la perspective coloniale. Cette pratique de retrait d’objets culturels et les politiques coloniales qui ont facilité le retrait de la langue et des enfants des familles et des communautés sont toutes étroitement liées et ont eu un impact profondément dommageable sur la société haïda.
Aujourd’hui, les Haïdas s’efforcent d’obtenir le retour de matériel culturel contenu dans des musées du monde entier afin de montrer le yahgudang/yahguudang (respect) à leurs kuníisíi/kuunasii (ancêtres), qui avaient créé ces objets dans l’intention de transmettre leurs lois, leurs protocoles et leur langue à leurs descendants. Les enseignements de leurs kuníisíi/kuunasii (ancêtres) ont été intégrés à chaque étape du processus : de la collecte des matériaux culturels sur le terrain aux techniques et protocoles d’enseignement liés à la fabrication d’objets culturellement significatifs pour les Haïdas. Malgré l’impact du colonialisme en cours sur Haida Gwaii, les Haïdas continuent de transmettre leur langue, leurs connaissances et leurs compétences à leurs descendants. Les arts et les techniques ancestraux, tels que la sculpture et le tissage sont encore pratiqués aujourd’hui avec certaines adaptations. Ces compétences ont été transmises d’une génération à l’autre, et d’artistes à d’autres artistes évoluant sous leurs ailes. Les riches pratiques culturelles qui les lient à leurs terres, y compris les expressions artistiques de la nation haïda, perdurent aujourd’hui et sont reconnues au niveau international.
Le Musée canadien de l’histoire remercie Ariane Xay Kuyaas, tisserande haïda, qui a grandement contribué à la création de cette trousse et qui a participé à la sélection des objets à présenter. Nous remercions également Gid yahk’ ii (Sean Young), directeur des collections et archéologue au Musée Haida Gwaii, à Kay Llnagaay, qui a participé à la révision de la trousse et incorporé les mots en x̱aayda kil (langue haïda, dialecte de Skidegate). Nous remercions également Jaskwaan Bedard, chef d’équipe au Xaad Kil Nee (le Bureau de la langue haïda), qui a révisé cette trousse en contribuant le Xaad Kil (langue haïda, dialecte Old Masset) et en articulant les lois et protocoles haïda. Nous leur exprimons toute notre reconnaissance de nous avoir donné l’occasion d’en apprendre plus sur une petite partie de l’art et des techniques des Haïdas.
Sujets
Tissage d’écorce de cèdre et de racines d’épinette
Le tissage d’écorce de cèdre et de racines d’épinette est une technique importante et un art essentiel dans la culture haïda.
Tissage de textiles
Les motifs queue de corbeau et chilkat sont deux types de tissage de textile.
Sculptures sur argilite
La sculpture de l’argilite est une pratique artistique unique aux Haïda. Les sculptures illustrent des récits oraux et des emblèmes, des personnages tirés des récits sur les origines ainsi que des évènements contemporains.
Les boites de bois cintré
La confection de boites de bois cintré est une technique propre à la côte du Nord-Ouest. Les boites sont faites au moyen d’un seul morceau de bois et sont destinées à différents usages.