La population afro-néo-écossaise : héritages canadiens du 20e siècle

Je suis remariée. J’ai eu quatre garçons et une fille, Sarah. Lorsque Sarah a commencé l’école, je me suis dit : ‘J’ai la cinquantaine, deux jeunes enfants qui vont à l’école. J’aurai du temps à moi.’

Sarah rentre de l’école un jour, elle était en première année. Sarah m’a dit : ‘Maman, je veux être une brownie.’ Je l’ai amené à sa première réunion des brownies un après-midi, je l’ai déposée et j’ai pensé : ‘C’est merveilleux, j’ai une heure et demie, toute à moi!’ Oh, j’étais extatique! Vous allez penser que je suis un peu folle, mais vous savez, j’avais la cinquantaine lorsque j’ai recommencé avec des enfants. Je me suis dit : ‘Je vais aller à la bibliothèque.’ La première semaine, j’ai déposé Sarah, je suis allé à la bibliothèque, j’ai pris ma carte, mes livres, j’ai salué et j’ai rencontré tout le monde. J’ai dit : ‘À la semaine prochaine. OK, ils m’ont dit. Il n’y a pas eu de semaine prochaine. Vous voulez savoir ce qui s’est passé? Je vous laisse deviner.

J’ai amené Sarah chez les brownies, en arrivant avec Sarah, la cheftaine des brownies m’a demandé : ‘Oh, Madame Robson, pourriez-vous nous aider aujourd’hui?’ J’ai dit : ‘Mais je n’y connais rien. Je connais un peu les scouts, mes garçons ont été scouts, mais je ne suis jamais allé chez les brownies.’ Elle a dit : ‘Oh non, ce n’est pas compliqué, vous n’avez rien à faire, restez ici, je vous dirai quoi faire.’ Et voilà.

Maintenant… 25 ans plus tard, je suis toujours avec les guides, car j’ai aimé chaque instant : les gens, les jeunes, les animateurs, le programme lui-même. Cela a aussi aidé ma fille à devenir qui elle est.

J’ai vu un seul incident. Comme projet d’artisanat, nous devions apprendre à faire des cerfs-volants. J’ai pensé que ce serait magnifique. Les séances d’apprentissage avaient lieu au Musée Bell à Baddeck. Nous n’avions pas les moyens d’envoyer quinze à vingt filles en autobus. Alors, j’ai dit : ‘Je vais y aller pour ensuite l’enseigner aux filles.’ J’ai pris l’autobus et ils m’ont donné les matériaux pour fabriquer le cerf-volant.

Après avoir terminé notre cerf-volant, nous devions faire une petite excursion sur un pont, afin de les essayer. Sur le pont, mon cerf-volant s’est emmêlé avec celui du garçon à côté de moi.

L’animatrice les a ramenés et nous a expliqué comment les démêler. La mère du garçon était debout derrière lui. Je l’ai entendue dire à l’animatrice : ‘Qu’est-ce qu’elle fait ici, elle?’ Et plutôt que de dire elle… je n’étais pas sourde comme maintenant, je l’ai entendue utiliser le mot en N. ‘Qu’est qu’elle fait là, cette N… cette n******e ici?’

Je me suis dit : ‘Je n’ai pas besoin de ça.’ Et l’animatrice du musée s’est mise juste à côté d’elle, sans dire un mot. Après avoir ramené nos cerfs-volants, en partant avec sa mère, le petit garçon, s’est retourné, a couru me voir et m’a dit : ‘Madame, elle ne voulait pas être méchante avec vous.’ Puis sa mère l’a appelé et il est reparti en courant. Je me suis demandé, vous savez : ‘Il en savait plus que sa mère. Il était poli et elle méchante. Elle était raciste et lui grandissait dans cette maison.’ Je me demande quel genre de jeune homme il est devenu. Mais, qui sait?