Musée virtuel de la Nouvelle France

Colonies et Empires

Guerres et rivalités impériales

La Nouvelle-France fut constamment l’objet de contestation, soit par les populations autochtones, soit par les grandes puissances européennes. On connaît bien le dénouement de la concurrence impériale : en 1763, au terme de la guerre de Sept Ans, la France signe le traité de Paris par lequel elle abandonne le Canada et son intérieur à la Grande-Bretagne; quant aux vastes territoires de la Louisiane à l’ouest du Mississippi, ils sont cédés à l’Espagne. Les guerres antérieures à la chute de la Nouvelle-France ne furent pas moins déterminantes pour son développement.

Mortier de Louisbourg, fondu vers 1750-1756

Mortier de Louisbourg, fondu vers 1750-1756

La présente étude examine la dimension conflictuelle de la présence française en Amérique du Nord. Les guerres européennes ont joué un rôle capital dans le développement des colonies. Aux guerres civiles, qui freinent les premières tentatives d’implantation, succède la lutte entre la France et la Grande-Bretagne. Au début du XVIIIe siècle, cette lutte impériale deviendra l’un des principaux moteurs du développement colonial. La Nouvelle-France se fera véritable bastion de l’empire.

En parallèle, l’opposition des populations autochtones à l’expansion des réseaux d’alliance des Français entraînera de multiples conflits. Les Iroquois s’opposeront longtemps, et avec succès, aux colons de la vallée du Saint-Laurent. À l’intérieur du continent, les Renards, les Natchez et les Chicachas s’avèreront des adversaires tout aussi farouches. C’est en retraçant le déroulement et les répercussions de ces nombreux conflits que l’on découvre le profil des soldats, des miliciens et des indispensables alliés autochtones sur qui reposait la défense de la colonie.

Des explorateurs armés

Au XVIe siècle, l’Atlantique est un espace vivement contesté. La politique extérieure de la France est dominée par la rivalité opposant François Ier à Charles de Habsbourg, connu plus tard sous le nom de Charles Quint, qui se retrouve à la tête de l’Espagne et du Saint Empire germanique. Dans la foulée des pêcheurs français qui atteignent les Grands Bancs de Terre-Neuve dès le début du siècle, des corsaires et des pirates français s’embarquent pour les Antilles afin de s’attaquer aux riches flottes et aux établissements espagnols. Ce harcèlement n’a toutefois rien d’officiel, mais il annonce tout de même une tendance qui caractérisera l’histoire de la colonisation française : alors que certaines puissances, dont l’Espagne et par la suite l’Angleterre, se tourneront résolument vers la mer, les rois de France et leur entourage privilégieront toujours l’échiquier européen et ne s’intéresseront que de manière très accessoire aux colonies.

Dès les toutes premières explorations européennes vers les terres inconnues de l’Amérique, les hommes d’armes sont de la partie. Quand Jacques Cartier entreprend l’exploration du Canada en 1534 et en 1535, il est bien armé. Au moment de l’approche des rives du fleuve Saint-Laurent, il prend soin de faire tirer des coups de canon afin d’impressionner les Autochtones qu’il rencontre. Lors de l’expédition de 1541 des sieurs Roberval et Cartier, dont le but est l’établissement d’une colonie au Canada, un espion espagnol rapporte que l’on embarque 400 arquebuses, 200 arbalètes, 200 boucliers, plus d’un millier de piques et de hallebardes sans compter les épées, les dagues et les pièces d’armures emportées par les gentilshommes et les soldats qui participent à l’aventure. Deux ans plus tard, tous sont de retour en France avec armes et bagages. Cependant, la présence d’un véritable arsenal confirme la nécessité de bien s’armer, ce que feront tous les intervenants européens, tant lors des premières explorations que lors des établissements européens outre-mer.

Près de quarante ans de guerre civile entre catholiques et protestants en France, de 1562 à 1598, retardèrent encore l’établissement d’une Nouvelle France en Amérique. Les tentatives d’implantation des protestants français se heurtèrent à la ferveur religieuse des puissances adverses : l’intervention militaire des Portugais mit fin à la colonie de Nicolas Durand de Villegaignon à la baie de Rio de Janeiro; les Espagnols mettent à sac la colonie de Jean Ribault et Goulaine de Laudonnière au nord de la Floride.

Des colonies vulnérables

C’est sous le règne du roi Henri IV (1589-1610) que les premiers établissements français au Canada sont fondés par Samuel de Champlain. Il est à noter que le « Père de la Nouvelle-France » avait acquis une expérience militaire avant de devenir marchand et explorateur. Ces trois qualités sont d’ailleurs indispensables pour toute entreprise menant à un établissement permanent dans le Nouveau Monde. Le volet militaire est fondamental, car sans une protection armée efficace, aucune autre activité n’est viable pour longtemps. Ceci est vrai non seulement en temps de guerre pour monter au combat, mais également en temps de paix pour la gestion gouvernementale qui, à cette époque, est autocratique et essentiellement dirigée par des militaires.

En Amérique du Nord, les conflits auxquels les Français doivent faire face émanent de deux sources : les Autochtones et les nations européennes rivales. De ces dernières, on retient au XVIIe siècle la Hollande mais surtout l’Angleterre. À cette époque, de nombreux colons anglais s’établissent le long du littoral nord-américain allant du Massachusetts jusqu’à la Caroline du Sud. En 1674, l’Angleterre s’accapare des établissements hollandais de sorte que les colonies anglaises, beaucoup plus populeuses, deviennent les seules voisines de la Nouvelle-France. Cette dernière, avec une très faible population dispersée sur un immense territoire, sera la proie de très nombreux conflits.

Les guerres franco-iroquoises

Chez les Premières nations, partenariats commerciaux et alliances militaires vont de pair. Les nations que rencontrent les Français – Micmacs en Acadie, Innus et Algonquins dans la Vallée du Saint-Laurent – s’attendent à ce que ceux-ci participent à leurs guerres, ce qui fait généralement partie des conditions des échanges. On explique ainsi l’intervention des Français dans la guerre qui oppose les Innus, les Algonquins et les Hurons-Wendats à la Confédération iroquoise des Cinq-Nations au début du XVIIe siècle.

La longue inimitié des Français et des Iroquois, qui sera parsemée de conflits tantôt larvés, tantôt fort intenses, commence en juillet 1609 avec le combat victorieux de Champlain avec des autochtones alliés contre des guerriers des Cinq-Nations près de l’actuel Ticonderoga, dans l’état de New York. À compter des années 1640, les Iroquois deviennent très redoutables : en 1649, ils éliminent les Hurons-Wendats alliés des Français ; par la suite, ils harcèlent les petits établissements français de Montréal et de Trois-Rivières par de nombreux raids qui mettront la colonie française en péril.

Comment expliquer les guerres iroquoises ?

Au fil des ans, les historiens ont attribué une variété de causes aux guerres que mènent les Cinq Nations iroquoises contre leurs voisins autochtones et français au XVIIe siècle. On a longtemps écrit que les Iroquois étaient motivés par un barbarisme inné, une soif de violence quasi animale. Cette explication ethnocentrique n’est plus admise aujourd’hui. L’hypothèse selon laquelle les guerres iroquoises n’étaient que des « guerres du castor » a aussi longtemps retenu l’attention des historiens. Selon celle-ci, les Iroquois s’attaquaient à leurs voisins afin de s’approprier les meilleurs territoires de chasse et de maintenir leur rôle d’intermédiaires dans la traite des fourrures qui florissait alors.

Une nouvelle génération d’historiens préfère une autre explication : la guerre iroquoise était une « guerre de deuil » ou « guerre de captation ». Chez les Iroquois et plusieurs autres peuples autochtones, la guerre n’avait non pas comme objectif de conquérir des territoires ou de s’accaparer des fourrures, mais plutôt   de combattre les pertes humaines et la souffrance entraînées par les grandes épidémies qui marquent le début du XVIIe siècle. Certains ennemis, hommes, femmes et enfants, étaient tués, ou pire, torturés et cannibalisés, mais ils étaient plus souvent adoptés et intégrés de force à la communauté iroquoise. L’assimilation de ces étrangers permettait de faire son deuil des proches disparus. C’est ainsi que les Cinq Nations iroquoises sont parvenus à maintenir leur population et à conserver le moral durant une période éprouvante.

Durant tout le XVIIe siècle, les Cinq Nations de la Confédération iroquoise représentent une véritable menace pour les Français établis au Canada. En 1665, le roi Louis XIV envoie 1200 soldats pour rétablir la situation. Une paix précaire entre Français et Iroquois est conclue en 1667, mais les relations restent tendues la décennie suivante. Les Senecas, la plus occidentale des cinq nations iroquoises, cherchent à protéger leur territoire et leur sphère d’influence qui se trouvent menacés par l’expansion des Français et de leurs alliés dans les Pays d’en Haut.

La guerre reprend en 1682. Le nouveau gouverneur du Canada, Joseph-Antoine le Febvre de La Barre, convainc la Cour de lui envoyer des troupes afin d’envahir les territoires iroquois et de les anéantir pour de bon. L’expédition de 1684 de La Barre, ainsi que celle menée trois ans plus tard par son successeur, le marquis de Denonville, ne parviennent pas à vaincre l’ennemi. Les Cinq Nations iroquoises ne tardent pas à faire irruption au cœur de la colonie. En 1689, 1500 d’entre eux surprennent et détruisent la bourgade de Lachine, non loin de Montréal. Ce conflit franco-iroquois intervient presque en même temps que celui de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, qui embrase alors l’Europe et qui atteint les colonies.Les Iroquois ne cesseront d’être une menace qu’avec la négociation de la Grande Paix de Montréal en 1701.

Vers l’intérieur des terres

Pour les Français, la voie de l’ouest est à nouveau ouverte. À peu près au même moment où l’on conclut la paix à Montréal, un détachement de soldats fonde le Fort Pontchartrain au Détroit. L’accroissement de la présence française dans la région des Grands Lacs et la consolidation des réseaux de traite et d’alliance entraînent cependant l’opposition des Mesquakie, aussi connus sous le nom d’Outagamis ou de Renards. Par leurs liens étroits avec les ennemis traditionnels de cette nation, les Français se trouvent entraînés dans une série de conflits armés. En mai 1712, les Renards attaquent par surprise les Outaouais et les Français au Détroit. Ils sont repoussés. Quatre ans plus tard, une expédition franco-amérindienne pénètre dans leur territoire, le Wisconsin actuel, et parvient à les faire capituler.

Dès 1719, la guerre reprend cependant entre les Renards, associés cette fois aux Sakis (Sauk), aux Kickapous et aux Winnebagos, et les Illinois. Les Français se rangent aux côtés de ces derniers, alliés et partenaires commerciaux de longue date. Pendant plus d’une décennie de guerre intermittente, les autorités coloniales chercheront tantôt à négocier une paix durable entre les nations de l’intérieur, tantôt à exterminer l’ennemi Renard. En 1735, les Français et leurs alliés amérindiens pourchasseront les Renards jusque dans l’actuel Iowa et parviendront finalement à les anéantir.

En Louisiane, l’expansion française et le jeu des alliances opposent d’abord les Français aux Natchez. En 1729, ces derniers lancent une attaque surprise et détruisent le Fort Rosalie, situé trop près de leur grand village, sur le site qui correspond aujourd’hui à la ville de Natchez, Mississippi.Une expédition punitive française permet de reprendre possession des lieux en 1730 et, l’année suivante, on disperse les Natchez pour de bon. Certains de ces derniers trouvent toutefois refuge chez les Chicachas, nation voisine qui, opposée à l’hégémonie française, répondait aux ouvertures des Britanniques et menaçait depuis un certain temps les communications le long du Mississippi. Après s’être longtemps contentés d’encourager les raids de leurs alliés Illinois et Chactas contre les Chicachas, les Français montèrent deux campagnes en bonne et due forme en 1735 et en 1739-1740. Ce fut en vain. Les Chicachas continuèrent à faire obstacle aux intérêts français, de même qu’une partie de la nation Chacta, jadis fidèle alliée des Français, qui se tournait de plus en plus vers les Chicachas et les Britanniques.

Les guerres intercoloniales

Parallèlement aux conflits avec les nations autochtones réfractaires, les Français d’Amérique font la guerre aux Anglais. Dès le début du XVIIe siècle, les fragiles comptoirs de traite établis en Acadie et au Canada tombent aux mains des aventuriers et des corsaires. Les traités entre les grandes puissances viennent cependant renverser cette situation. Québec, victime en 1629 d’une flottille de corsaires anglais commandée par les frères Kirke, est rétrocédée à la France en 1632.

L’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles est déchirée de manière presque permanente par des conflits armés souvent dus à des querelles dynastiques. Pendant les 54 ans du règne personnel de Louis XIV, qui s’étend de 1661 à 1715, la France en connaît 33 de guerre. Bien que plusieurs de ces guerres n’aient eu aucun effet sur la destinée des colonies françaises d’Amérique, les forces sur place étaient en alerte. Même lorsque aucune menace terrestre n’existait, les navires qui devaient traverser l’Atlantique étaient quand même sujets aux attaques des nations ennemies.

La rivalité franco-britannique atteint son paroxysme en Amérique du Nord à la fin du XVIIe siècle. S’entame alors une série de quatre grands conflits européens qui s’étendront aux colonies des deux grandes puissances : la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (1689-1697), la Guerre de Succession d’Espagne (1702-1713), la Guerre du Succession d’Autriche (1744-1748) et la Guerre de Sept Ans (1756-1763). Les périodes de paix qui entrecoupent ces conflits équivalent à des périodes de guerre froide pendant lesquelles les autorités coloniales françaises construisent un réseau de fortifications et cherchent à miner le commerce anglo-américain auprès des populations autochtones.

Dans ce contexte, la menace d’une invasion anglo-américaine est constante. L’Acadie s’avère particulièrement vulnérable. En 1690, sa capitale Port-Royal est prise par la flotte de l’amiral William Phips. Reprise par la France, Port-Royal parvient à repousser deux autres attaques en 1704 et en 1707, mais tombe aux mains des britanniques en 1710 et le demeure. Par le Traité d’Utrecht, qui met fin à la Guerre de Succession d’Espagne, la France cèdera l’Acadie à la Grande Bretagne. Louisbourg, l’imposante forteresse établie sur l’Île Royale (aujourd’hui Cap-Breton) pour compenser les effets de cette perte stratégique, s’avèrera elle aussi vulnérable aux expéditions anglo-américaines : elle sera prise par l’ennemi en 1745 et en 1758.

La vallée du Saint-Laurent, cœur de la Nouvelle-France, est plus facile à défendre. En 1690, les troupes de l’amiral Phips, fortes de leur victoire acadienne, sont repoussées lorsqu’elles tentent un débarquement devant Québec. Le gouverneur général Louis de Buade de Frontenac répondit à l’ultimatum alors présenté par l’émissaire de Phips par la phrase restée célèbre : « je n’ai point de réponse à lui faire que par la bouche de mes canons et à coups de fusils ». Le fleuve Saint-Laurent lui-même contribue efficacement à la défense de la colonie. En 1711, les habitants de la Nouvelle-France bénéficièrent d’une chance inouïe lorsque la flotte de l’amiral Hovenden Walker, prise dans une tempête en route vers Québec, vint s’échouer sur les récifs de l’île aux Œufs dans le fleuve Saint-Laurent. Faute de moyens, la Nouvelle-France ne saura cependant résister à l’invasion britannique de 1759-1760.

Les soldats de la garnison

Afin d’assurer la sécurité de leurs établissements, les Français doivent maintenir des garnisons composées d’hommes familiers avec le maniement des armes. Il en existe deux types : les soldats réguliers (de métier) et les miliciens, des civils appelés à porter les armes lors des conflits.

Dès l’époque de la fondation des premiers établissements par Samuel de Champlain, on note la présence de quelques « soldats » et de « compagnons » appelés à combattre pour assurer la sécurité des habitants. Jusqu’en 1665, le nombre de soldats est cependant très restreint. Ces soldats réguliers ne sont pas détachés de l’armée royale mais engagés par les compagnies de commerce qui exploitent les premiers établissements. Ces compagnies investissent le moins possible dans la défense car les soldats coûtent cher. Ils ne sont donc qu’une poignée pour affronter l’ennemi. Les quelques soldats sur place résistent difficilement aux guerriers iroquois qui mènent une guerre d’embuscade et peuvent surgir à tout moment. Les habitants de Trois-Rivières et de Montréal, par exemple, sont contraints de s’armer jusqu’aux dents avec fusils, épées et pistolets pour la moindre sortie.

Le régiment de Carignan-Salières

La colonie chancelante attire l’attention du jeune roi Louis XIV qui instaure un gouvernement royal. En1665, le gouverneur général de Tracy arrive au Canada à la tête du régiment de Carignan-Salières fort de vingt-quatre compagnies dont quatre viennent de divers régiments métropolitains de l’armée royale. Ces troupes passent à l’attaque contre les Mohawks; deux ans plus tard, les Iroquois et les Français signent la paix.

Le roi compte bien augmenter la population du pays. En 1667, on invite donc les soldats et les officiers à s’établir dans la colonie. Bon nombre se prévalent de cette offre : on estime qu’une trentaine d’officiers, douze sergents et 404 soldats prennent ainsi racine dans la colonie. Leurs camarades retournent en France, sauf 150 qui demeurent au pays pour monter la garde dans des forts, mais qui seront eux aussi licenciés quatre ans plus tard. Il ne demeure donc qu’une cinquantaine de soldats dans les villes et une vingtaine de gardes du gouverneur général pour défendre le pays.

Les troupes de la Marine

En 1683, lorsque la menace iroquoise se fait de nouveau sentir, le gouverneur général de La Barre demande à la France d’envoyer d’urgence des troupes régulières afin de faire face à une situation militaire qui semble presque désespérée. Le marquis de Seignelay, ministre de la Marine, réagit et ordonne l’envoi immédiat de trois compagnies de troupes de la Marine. Elles arrivent à Québec au début de novembre 1683.

Ces 150 officiers et soldats, qui seront suivis par de nombreux camarades venant de France, ouvrent un important volet de l’histoire sociale du Canada. Le pays sera non seulement sécurisé, mais tous les aspects de la vie dans la colonie en seront affectés. Les forts français se remplissent de ces militaires armés de fusils et d’épées et portant l’uniforme gris blanc parementé de bleu. Ce sont pour la majorité des hommes dans la jeune vingtaine à la recherche d’un avenir. L’impact social d’environ 1400 militaires sur les 11 000 habitants que la colonie compte en 1689 est multiple. Nombre d’entre eux sont logés chez les colons. Ces jeunes hommes dans la force de l’âge ont donc l’occasion de connaître les jeunes filles de la maison tout en se rendant utiles par divers travaux. D’autre part, leur apport économique n’est pas négligeable, car même si la solde d’un soldat est peu élevée, les militaires représentent environ un septième de la population totale du pays et disposent d’argent « sonnant et trébuchant » qui va circuler dans la colonie.

Les troupes de la Marine ne seront pas rappelées en France ; elles vont demeurer sur place pour y monter la garde en permanence. Composées d’officiers et de soldats de métier, elles sont les véritables « troupes de la colonie ». L’organisation n’est pas régimentaire : on opte pour des compagnies qui demeurent indépendantes, c’est à dire « franches » dans le langage de l’époque, d’où le nom de « Compagnies franches de la Marine ». L’appellation, « …de la Marine » indique qu’il s’agit de troupes sous la responsabilité du ministère de la Marine, celui dont relève non seulement la marine de guerre, mais également la gestion et la défense des territoires français en Amérique. Le ministère de la Marine a donc sa petite armée de compagnies franches, distinctes des régiments de « troupes de Terre » gérées par le ministère de la Guerre pour défendre les navires et les galères de la flotte ainsi que le domaine français en Amérique.

En Acadie, à Terre-Neuve, à l’Île Royale et en Louisiane

À compter de la fin du XVIIe siècle, le ministère de la Marine entretient des Compagnies franches en garnison au Canada, en Louisiane, en Acadie et à Plaisance (Terre-Neuve). Lorsque ces deux dernières colonies sont cédées à la Grande-Bretagne en 1713, leurs garnisons s’établissent à l’Île Royale (aujourd’hui Île du Cap-Breton).

Le nombre d’officiers et de soldats varie selon les époques. Ainsi, entre 1700 et 1750, il y a au Canada plus de 900 officiers et soldats, nombre porté par la suite à quelque 1600 hommes. En 1757, lors de la guerre de Sept Ans, on comte environ 2300 officiers et soldats. À l’Île Royale, la garnison est presque entièrement à la forteresse de Louisbourg : le nombre d’officiers et de soldats oscille entre 370 et 590 jusqu’à 1750 puis atteint 1300 par la suite.

En 1703, la Louisiane ne compte que deux compagnies rassemblant une centaine d’officiers et de soldats, mais d’autres compagnies sont graduellement ajoutées de sorte qu’en 1754, il y a presque 2000 officiers et soldats des Compagnies franches de la Marine en poste dans ce vaste territoire.

Par ailleurs, en 1719, le ministère de la Marine engage un régiment de soldats suisses, celui du colonel Karrer, pour servir en Amérique. À compter de 1722, un détachement de 50, puis de 100 et, entre 1741 et 1745, de 150 officiers et soldats servent à Louisbourg. La quatrième compagnie, forte de 200 hommes, sert à la Nouvelle-Orléans et à Mobile de 1732 à 1763. En 1752, ce régiment vêtu d’un uniforme rouge et bleu foncé prend le nom d’Hallwyl.

L’artillerie

Au fil des années, on installe un nombre considérable de pièces d’artillerie dans les forteresses de Québec et de Louisbourg. Ailleurs, dans les autres villes et les nombreux forts et fortins, on apporte aussi un nombre appréciable de canons.

Durant le XVIIe siècle, quelques maîtres canonniers suffisent pour entraîner des soldats à servir les bouches à feu. A la fin du siècle, toutefois, ce n’est plus suffisant. En 1698, une école d’artillerie à Québec instruit dorénavant un soldat de chaque compagnie franche et en 1735, une école similaire est crée à Louisbourg et, dix ans plus tard, à Mobile en Louisiane.

L’importance de « l’arme savante » qu’est l’artillerie amène à la création de véritables corps d’artillerie en Nouvelle-France. En 1743, une première compagnie de « canonniers bombardiers » est crée à Louisbourg et, sept ans plus tard, une autre à Québec. En 1757, une seconde compagnie se joint à la première dans les deux villes. Enfin, en 1759, la Louisiane organise sa propre compagnie de canonniers bombardiers. Toutes ces compagnies d’artilleurs portent un uniforme bleu et rouge.

Les officiers

À partir de 1683, les officiers des Compagnies franches de la Marine au Canada sont tous Français. Toutefois, la plupart prennent souche au pays, fondent une famille et s’intègrent à la société canadienne, mais les autorités françaises souhaitent que des Canadiens de naissance deviennent aussi officiers. En 1690, on évalue à environ le quart d’entre eux nés au Canada. Cette proportion augmente au XVIIIe siècle : dans les années 1720, la moitié des officiers sont de naissance canadienne et vers les années 1750, les trois quarts. Établis en permanence et souvent unis par les liens du mariage avec des femmes de la bourgeoisie coloniale, le corps des officiers réguliers est donc très « canadianisé ».

Ces officiers sont non seulement à la tête de la défense du pays, mais ils occupent aussi de nombreux postes administratifs et agissent à titre de gouverneurs et officiers de l’état-major des villes, ce qui pourrait correspondre aux gouvernements municipaux actuels. D’autres servent à titre de commandants dans les forts et les postes établis sur les rives des Grands Lacs et à l’intérieur du continent. Ces commandements exigent beaucoup plus que la simple gestion de garnisons militaires : ces officiers doivent maintenir des relations harmonieuses avec les nations autochtones afin d’assurer leur alliance, à tout le moins leur neutralité, afin de favoriser le commerce avec les marchands de la Nouvelle-France. C’est la vie économique même du pays qui en dépend.

Les cadets

Afin que les jeunes gentilshommes canadiens puissent acquérir les connaissances nécessaires pour obtenir le brevet d’officier dans les Compagnies franches de la Marine du Canada, on nomme dès 1687 un « petit officier » dans chaque compagnie, plus tard nommé « cadet à l’aiguillette » en raison du cordon bleu et blanc qu’il porte à l’épaule, son insigne distinctif. Ces jeunes élus, issus des familles de gentilshommes canadiens et d’officiers français établis au pays, sont non seulement très utiles sur le plan militaire, mais leur formation assure la relève des officiers coloniaux. Sans cette formation, note un observateur, on aurait des officiers sans autre « expérience, ni science, que celle d’avoir monté des gardes et tirer adroitement un coup de fusil ». Certains élèves officiers sont détachés dans les nations amérindiennes afin d’apprendre les langues et les coutumes des Autochtones.

Des quelque 650 officiers servant dans les Compagnies franches de la Marine du Canada de 1683 à 1760, presque la moitié sont nés au Canada. Ces derniers ont fort probablement été formés dans la colonie. Durant le régime français, environ 321 élèves officiers canadiens de naissance obtiennent le brevet d’officier dans les troupes régulières au service de la marine française. À ces derniers, il faut ajouter de nombreux cadets qui n’obtiennent pas leur brevet mais qui bénéficient de la formation. Ainsi, il appert donc que ce « Collège Militaire Royal » avant la lettre est l’une des deux grandes écoles d’instruction supérieure au Canada sous le Régime Français. Au XVIIIe siècle, il y a aussi des « cadets à l’aiguillette » dans les Compagnies franches de la Marine de Louisiane et dans celles qui montent la garde à l’Île Royale.

Les soldats

Les soldats des troupes de la Marine sont engagés pour une période de six ans et peuvent ensuite s’établir au pays comme colons. Ils bénéficient alors de l’aide de l’État. On les remplace généralement par de nouvelles recrues de France, mais les années où il ne s’en présente pas, la période de service de nombreux soldats se prolonge. Avant 1755, on évalue à environ 3000 le nombre de soldats à s’établir dans la vallée du Saint-Laurent.

Certains demeurent au service de la patrie durant de nombreuses années, et après quelques décennies de service, ils sont démobilisés et touchent une pension dite des « invalides de la Marine ». Ceux qui savent lire et écrire deviennent parfois des sergents (sous-officiers), un niveau qui exige une certaine instruction.

L’utilisation du « nom de guerre » est une pratique courante chez les militaires français de l’époque. Il n’est pas rare que ces noms de guerre en viennent à remplacer les véritables noms de famille. Par exemple, le soldat Jacques Vadeau porte le nom de guerre de Saint-Jaques. Pour d’autres, c’est Parisien, Picard, Boulanger, Laframboise, Blondin, Léveillé, Vadeboncoeur et ainsi de suite. Aujourd’hui, il existe dans le Canada francophone de nombreuses familles portant des noms qui, à l’origine, étaient des noms de guerre des soldats.

Au Canada et en Louisiane, des soldats — en nombre variable selon les époques — servent dans les postes et les fortins éloignés, surtout dans la région des Grands Lacs et en Haute Louisiane. La plupart y séjournent deux ans, mais certains s’éprennent de ces lieux et y demeurent. Leurs camarades montent la garde dans les deux forteresses de la Nouvelle-France, Québec et Louisbourg, ainsi que dans les villes commerçantes de Montréal et de la Nouvelle-Orléans, qui sont également d’importantes bases militaires.

Les « troupes de Terre »

À partir de 1755, dans un contexte de tensions croissantes entre la France et la Grande-Bretagne, des bataillons de l’armée de Terre métropolitaine sont envoyés en renfort des compagnies des troupes de la Marine dans les territoires français de l’Amérique et de l’Asie. Entre 1755 et 1757, huit bataillons arrivent au Canada. Ils sont détachés des régiments de La Reine, de Languedoc, de Béarn, de Guyenne, de Royal-Roussillon, de La Sarre et de Berry (deux bataillons). Entre 1755 et 1758, quatre bataillons arrivent à Louisbourg, détachés des régiments d’Artois, de Bourgogne, de Cambis et des Volontaires-Étrangers, soit quelque 7450 officiers et soldats. En 1762-1763, un autre bataillon de troupes métropolitaines, le régiment d’Angoumois, est envoyé à la Nouvelle-Orléans.

La milice

La milice est une institution qui touche à la vie de tous les jours des habitants de la Nouvelle-France. Établie formellement en 1669, son organisation s’articule autour de la paroisse ou de la « côte ». Ainsi, chaque paroisse et chaque quartier urbain de la colonie doit compter au moins une compagnie de milice qui rassemble une cinquantaine d’hommes, c’est-à-dire tous ceux en état de porter les armes.

En principe, ces miliciens se réunissent régulièrement, généralement une fois par mois, armés et équipés pour le combat. Ils sont sous le commandement du capitaine de milice de la paroisse. Celui-ci est assisté dans ses fonctions par des lieutenants, des enseignes et des sergents. En plus de procéder à l’inspection et d’effectuer des exercices de tir, le capitaine ou l’un de ses subalternes fait la lecture des ordres du gouverneur général, du gouverneur particulier et de l’intendant. Nombre de ces ordres n’ont rien à voir avec la fonction militaire, mais leur application requiert la participation de l’ensemble des hommes de la paroisse. Une corvée est-elle décidée, c’est le capitaine qui l’organise et répartit les tâches entre les habitants. Il s’agit habituellement de travaux de voirie ou de fortification. Dans un mode de gouvernement absolu et hiérarchique, la milice sert de lien entre la population et les autorités.

Contrairement à la population de la métropole française, nombreux sont les hommes d’ici qui possèdent des armes. La majorité des Canadiens s’adonne à la chasse et nombre d’entre eux sont réputés excellents tireurs. Les miliciens associés au commerce des fourrures sont les plus aptes et sans doute les plus nombreux à participer aux raids contre les lointains établissements ennemis. Des centaines d’autres manoeuvrent les canots sur les rivières et les lacs, assurant ainsi le soutien logistique jusqu’aux frontières du territoire exploré.

Cela dit, malgré les fréquentes assemblées qui tiennent les miliciens en état d’alerte, la totalité des miliciens n’est mobilisée que lors de tentatives d’invasion. En 1759, environ le quart de toute la population canadienne est sous les drapeaux, un effort titanesque pour l’époque, qui n’a d’égal nulle part ailleurs en Occident.

Les alliés amérindiens

La défense de la Nouvelle-France dépend non seulement des soldats réguliers et des milices, mais aussi des alliés autochtones provenant de nombreuses nations. À l’aube du XVIIe siècle, les Français s’étaient intégrés à un réseau d’alliances qui leur procurait les premiers compagnons d’armes : Micmacs, Innus, Algonquins et Hurons-Wendat. Ils trouvèrent par la suite des alliés chez les populations algonquiennes de l’intérieur, telles que les Outaouais et les Illinois, mais aussi chez les Iroquois qui s’établirent dans les missions de la vallée du Saint-Laurent à partir de la fin des années 1660. Les « Sauvages chrétiens » qui habitent dans ces missions – Hurons, Iroquois, Abénaquis, Algonquins et Népissingues – servent de troupes de choc dans toutes ses guerres.

Ces alliés autochtones combattent aux côtés des Français pour plus d’une raison. Le conflit est très souvent le simple prolongement d’une rivalité intertribale de longue date. Dans le cas des guerres qui opposent les Français aux Cinq Nations iroquoises, par exemple, les Algonquins, les Hurons, les Abénaquis, les Outaouais et les Illinois sont des alliés naturels et zélés. Par ailleurs, ces nations, et bien d’autres, considèrent leur rôle d’alliés militaires comme une simple continuation de leur rôle de partenaires commerciaux. C’est la relation de réciprocité, sans cesse consolidée et renouée par des relations diplomatiques, des présents et des échanges, qui entraîne les alliés sur le sentier de la guerre.

Les campagnes franco amérindiennes offrent par ailleurs l’occasion aux guerriers de se distinguer parmi les leurs, de rapporter des captifs, des scalps ou tout butin qui pourrait contribuer au bien être affectif et matériel de leur communauté d’attache. Afin d’offrir un incitatif additionnel aux alliés, les autorités coloniales offrent, à partir de la fin du XVIIe siècle, des primes à ceux qui rapportent des prisonniers de guerre ou des scalps ennemis. Ces prisonniers étaient couramment adoptés par les communautés victorieuses ou remis aux Français. Chez ces derniers, les prisonniers anglo-américains étaient parfois invités à s’assimiler, mais plus souvent, ils étaient échangés lors d’un traité de paix ou de toute autre entente. Quant aux prisonniers autochtones provenant des nations éloignées, ils étaient voués à l’esclavage.

Les avantages et les limites de la tactique « à la canadienne »

À partir de la fin de la décennie 1680, les officiers des troupes de la Marine au Canada se rendent compte que la seule manière d’atteindre l’ennemi est d’adopter la tactique amérindienne. Celle-ci consiste à lancer des attaques surprises aux points faibles du territoire de l’ennemi. Les guerriers autochtones sont cependant très indépendants et peuvent refuser le combat à tout moment. En jumelant l’organisation et la discipline militaire européenne à la tactique furtive amérindienne, le « parti de guerre » qui mène une telle expédition devient une force redoutable.

Dans les années 1690, ce genre de « parti de guerre » composé d’officiers, de soldats, de miliciens et de volontaires canadiens rompus aux voyages en canots et aux marches en forêts, été comme hiver, auquel on adjoint des guerriers autochtones provenant de nations alliées, est un succès immédiat. En quelques années, ils prennent et détruisent de nombreux fortins et hameaux, d’abord aux frontières de la Nouvelle-Angleterre et du New York, puis dans les territoires iroquois. En utilisant cette tactique, les Français, les Canadiens et leurs alliés autochtones réussissent à écraser, en juillet 1755, l’armée anglo-américaine du général Braddock.

Cependant, durant la Guerre de Sept Ans, la Grande-Bretagne envoie des dizaines de milliers de soldats réguliers appuyés par une partie de sa marine de guerre ainsi que par des troupes américaines. Après l’envoi de quelques bataillons de l’armée métropolitaine, la France abandonne sa colonie nord-américaine. La tactique canadienne ne peut résister à des forces ennemies aussi nombreuses, pas plus d’ailleurs que lors de batailles en ligne à l’Européenne. Les forces en opposition sont trop inégales. En septembre 1760, entourées par trois armées britanniques, les troupes françaises et canadiennes capitulent à Montréal.

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Recherche originale : René CHARTRAND, historien